Culture : numériser les anciens chants traditionnels pour sauvegarder le patrimoine culturel

Le Niger, vaste pays du Sahel, est composé de plusieurs groupes ethnolinguistiques ayant chacun hérité d’un important capital culturel. Chaque groupe ethnolinguistique possède son propre folklore auquel il s’identifie. Qu’il s’agisse de la vièle monocorde propre à l’Imzad des Touaregs ou du son percutant de l’Algaïta des Kanuris, en passant par la flûte envoûtante des fulanis, des percussions magiques du Kalangou des hausas ou des pénétrantes cadences du molo des Djermas, les instruments de musique traditionnels du Niger et ce qu’ils véhiculent constituent un grand trésor. Ils sont le véhicule des valeurs morales et le ferment de l’unité nationale.

Mais hélas aujourd’hui le feu du modernisme guette ces legs culturels et risque de les dévorer si aucune solution n’est prise dans l’urgence.  Que faire pour éviter un tel drame ? Des actions timides se font à Agadez, au nord du Niger, et suscitent l’espoir. 

 

Le Niger est riche de son patrimoine culturel. Ici, plusieurs éléments matériels et immatériels se transmettaient de génération en génération depuis des lustres. Outre leur caractère récréatif, ces éléments culturels ont une dimension spirituelle dans la vie de tous les jours. La musique envoûte et désenvoûte. Elle attire et guérit des mauvais sorts. Elle éduque et ragaillardit en fouettant l’orgueil. Elle donne le sourire en faisant tomber la pluie ou ramène l’être aimé et bien d’autres choses.

A cause de la valeur de ces éléments culturels, des chants, des poèmes, des danses et des rythmes traditionnels ont été enregistrés par des grands journalistes aujourd’hui décédés ou depuis longtemps en retraite. « C’est un trésor inestimable qu’ils nous ont légué. En témoigne l’existence d’une phonothèque de plus de 5 000 bandes rien qu’au niveau de la station régionale ORTN d’Agadez. Il y a des chants épiques et des poèmes édifiants issus des entrailles de notre histoire. Certains de ces enregistrements ont été effectués dans les années 1960 par la discographie de l’office de coopération radiophonique (OCORA) Radio-France », rapporte Hachim Mohamed, journaliste à la Voix du Sahel.

Hélas ! Depuis quelques décennies, on constate que ces enregistrements tombés  inexorablement dans les fatras de l’indifférence, s’usent et risquent d’être irrécupérables. «  Regardez ces bandes ! Elles sont en train de retourner à la poussière. Sachez qu’il n’existe aucune copie d’elles ni ici (Ndlr : à Agadez), ni à Niamey », se désole Hachim Mohamed qui tente de tout son cœur d’arrêter ce gâchis.

Le manque d’intérêt de la jeunesse pointé du doigt

Pour bon nombre de personnes contactées par Aïr Info, le manque d’intérêt de la jeunesse nigérienne vis-à-vis de son héritage culturel est la principale cause de ce risque de perdition. « D’un côté, les jeunes n’écoutent plus pour apprendre. Ils s’en fichent royalement de tous ces legs culturels. Ils préfèrent écouter du boucan importé sans lien avec leur culture. Et de l’autre, les vieux sont déçus par cette génération sans repère. Ils  pleurent en silence ce rejet des jeunes », explique Mohamed, un septuagénaire homme de culture d’Agadez. Avant de poursuivre, blessé tel un fauve aux retraites coupées : « Il est grand temps de réveiller notre jeunesse. Il faut faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Oui, il faut un réarmement moral de notre jeunesse pour qu’elle comprenne la valeur de toute cette richesse ».

Des actions de promotion qui promettent

Partout, le sempiternel refrain pour sauvegarder ce qui reste est : « qu’il faut faire quelque chose au plus vite ». C’est dans cette optique qu’une jeune association basée à Agadez dénommée Association pour la Culture, la Liberté et l’Instruction (A.C.L.I) se bat pour sauver ces enregistrements des flammes de l’oubli. « Notre ambition est de numériser d’abord tous ces vieux enregistrements et ensuite lancer des concours de productions artistiques allant du Slam, du Rap et mêmes de Contes et Nouvelles ouverts aux jeunes », explique Abdourahamane Ibrahim, président de A.C.L.I.

Avec l’appui financier de la Société Nigérienne de Charbon (SONICHAR), cette association a pratiquement réussi la prouesse de numériser plusieurs centaines d’heures de ces bandes analogiques datant d’une quarantaine d’années. Des compilations de ces enregistrements ont été gracieusement offertes aux radios privées et communautaires de la région.

« J’ai été agréablement surpris d’entendre un chant de la vieille cantatrice Hadidjata numérisé par l’association A.C.L.I.  Elle chante merveilleusement bien. C’est pourquoi je me suis fait le pari d’en faire un tube qui va cartonner », confie le rappeur Nabi Ahmed plus connu sous le sobriquet de PICLO.

Un écrivain d’Agadez promet quant à lui de transcrire tous les chants épiques nouvellement numérisés pour éditer un livre dont les bénéfices serviront à la sauvegarde du patrimoine culturel. « Il nous faut tous nous investir pour sauvegarder notre culture », conseille le romancier Barka.

 

Plusieurs heures de bandes sonores restent encore dans les archives de l’office de radiodiffusion et télévision du Niger à Agadez. « Si nous avons un financement conséquent, nous prendrons volontiers en charge la numérisation de ce qui reste. J’invite d’autres partenaires à emboîter le pas à la SONICHAR qui nous a aidé financièrement à faire ce premier pas », sollicite Abdourahamane, président de A.C.L.I en marge du dernier festival de l’Aïr, un véritable rendez-vous culturel.

DIM

 

Des bandes anciennes exposées aux intempéries

 

 

 

 

 

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    21 mai 2023 à 6 h 10 min

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