Opinion : Le Niger, un pays mûr pour la dictature ?

Quand dans un pays, on peut voler des milliards, se pavaner tranquillement en grosses cylindrées partout, se faire ovationner par une foule de gens qui n’ont peut-être même pas pris trois (3) repas complets depuis au moins un an, on peut dire qu’il est mûr pour la dictature; car, ça veut dire que la plupart des gens n’ont pas encore le sens du bien commun et qu’ils considèrent que ce dernier a vocation à être pillé et privatisé par ceux qui sont chargés de le gérer.

Quand dans un pays, des personnes peuvent se faire tuer, dépouiller de leurs biens et de leur liberté, parfois dans une indifférence presque totale, et parfois avec quelques encouragements sous forme d’excuses pour les criminels, comme on l’a vu avec l’affaire d’Inatès, on peut également dire qu’il est mûr pour la dictature; car, partout où la vie, l’intégrité physique, la liberté et les biens des personnes ne sont pas sacrés, notamment lorsqu’il s’agit de la vie, de l’intégrité, de la liberté et des biens des autres, un boulevard est tracé pour la dictature.

Quand dans un pays, lorsque survient une catastrophe, on ne peut compter que sur ses proches, et que la seule chose que les tenants du pouvoir peuvent faire c’est de visiter les ruines, comme on l’a vu avec les récentes inondations, il est aussi mûr pour la dictature; car, ça veut dire qu’il n’y a ni demandes, ni attentes vis-à-vis de l’Etat, qui peut consacrer ses moyens à autre chose, par exemple offrir le luxe à ceux qui l’ont domestiqué et accaparé.

Quand dans un pays, les juges préfèrent être riches plutôt qu’indépendants, les intellectuels font le couloir chez les commerçants, les agents publics, civils et militaires, sont prêts à exécuter n’importe quel ordre pour se maintenir en place, on peut aussi dire qu’il est mûr pour la dictature; tout comme lorsque les élections ne sont finalement que des foires où électeurs et candidats s’achètent, et qu’un politicien habile peut toujours avoir quelques soutiens, malgré tout le mal qu’il a fait ou le petit bien qu’il n’a pas fait.

Oui, nous sommes dans un pays suffisamment mûr pour la dictature; mais, on sait aussi que d’une situation favorable à la dictature, peut naître parfois son contraire. On peut l’espérer pour le Niger; mais, ça suppose quelques sacrifices qu’il faut être nombreux à vouloir consentir. Courage à nos camarades qui croupissent en prison depuis six (6) mois, et dont le seul tort est d’avoir pensé que, contre le vent de la dictature qui souffle sur le pays, il faut se lever, se battre, pour le transformer en un vent d’espoir pour le peuple meurtri du Niger.

Moussa Tchangari

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