Une déclaration circulant sur les réseaux sociaux attribuée au Premier ministre et ministre de l’économie du Niger, Ali Mahamane Lamine Zeine, concernant la réouverture de la frontière avec le Bénin, a suscité des interrogations quant à sa véracité. Notre équipe de fact-checking a examiné les preuves disponibles et détermine que la déclaration est faussement attribuée au Premier ministre.
Un internaute a partagé, le 6 mai 2024, une citation sur Facebook, affirmant que le Premier ministre du Niger aurait déclaré que le Niger était prêt à négocier la réouverture de sa frontière avec le Bénin, sous réserve que le pétrole ne soit pas bloqué.
La déclaration:
Trois heures après sa publication, le post a généré 77 commentaires, 82 réactions et a été partagé 5 fois sur Facebook. Il a aussi été repris (en capture d’écran) par d’autres internautes sur Facebook, comme celui-ci.
La vérification :
Suite à cette allégation, notre rédaction a joint le Premier ministre, Lamine Zeine, pour obtenir une clarification. Ce dernier nous a affirmé n’avoir pas fait cette déclaration, affirmant que « c’est faux ! Je n’ai jamais tenu ces propos ». Il a également précisé que, « si ce blocage devait survenir, il reviendrait d’abord aux Chinois de régler l’affaire avec les Béninois. Le Niger, quant à lui, s’en tiendrait au contenu de l’Accord. »
Le Premier ministre a également souligné que la partie béninoise a confirmé, à travers des correspondances, son engagement à ne pas entraver le transit des hydrocarbures.
Par ailleurs, en examinant l’Accord Bilatéral entre la République du Niger et la République du Bénin relatif à la construction et à l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline, plusieurs éléments sont relevés, notamment dans l’article 3 du chapitre 3, à la page 5 :
1. Reconnaissance du droit de transit : l’alinéa 1 du chapitre 3 stipule que « la République du Bénin reconnait et octroie à la République du Niger le droit de transit sur le territoire de la République du Bénin des hydrocarbures produits sur le territoire de la République du Niger et transportés à travers le Système de Transport ». Cela signifie que le Bénin s’engage à permettre le passage des hydrocarbures nigériens sur son territoire.
2. Engagement à faciliter le transit : l’alinéa 3 du même chapitre souligne l’engagement du Bénin à faciliter le transit des hydrocarbures en provenance du Niger à travers son territoire. Il stipule que « dans l’exercice de son droit de réglementation des opérations de transport effectuées sur le Système de Transport Béninois, la République du Bénin s’engage à prendre toute mesure de nature à faciliter le transit et à s’abstenir de prendre unilatéralement et, dans tous les cas sans l’accord préalable de la République du Niger, toute mesure de nature à restreindre ou à entraver le transit sur son territoire des hydrocarbures en provenance de la République du Niger à travers le Système de Transport ».
Ces deux points démontrent clairement que, selon l’accord bilatéral, le Bénin est légalement tenu de faciliter le transit des hydrocarbures nigériens à travers son territoire, et qu’il ne peut, en principe, prendre de mesures pour restreindre ou entraver ce transit sans l’accord préalable du Niger.
Conclusion :
À la lumière des éléments présentés, il ressort que la déclaration attribuée au Premier ministre du Niger, selon laquelle le Niger serait prêt à négocier la réouverture de sa frontière avec le Bénin en raison de problèmes liés au pétrole, est fausse. Lamine Zeine a dit n’avoir pas fait cette déclaration, et les dispositions de l’accord bilatéral garantissent déjà le droit de transit du Niger à travers le Bénin. Aussi, convient-il de noter que des correspondances confirmant l’engagement du Bénin à ne jamais se livrer à de telles manœuvres existent, selon Lamine Zeine. Ainsi donc, s’il y a un problème sur la question, pour l’instant, ce serait entre les responsables de la CNPC et les autorités béninoises.
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