Niger/Hausse de tarifs de transport : Quand les usagers sont en colère, l’État joue à l’apaisement !

D.R

La nouvelle est tombée pile. A l’image d’un couperet sur les poches des usagers de toutes les compagnies de bus au Niger. Les tarifs de transport viennent de connaitre une flambée incroyable. « C’est une augmentation abusive et malhonnête ! », crie Almou, un jeune enseignant de Zinder qui s’apprêtait à se rendre à Diffa. Et le trentenaire cadre de fulminer : « C’est carrément de la mauvaise foi ! Ces compagnies ne semblent pas se soucier de la misère dans laquelle le pays est plongé ! Il faut avoir pitié des pauvres…».
En effet, au niveau de toutes les compagnies de transport, les tarifs ont connu une hausse sans qu’il y ait un document officiel pouvant expliquer cette situation. Les responsables administratifs de ces compagnies de bus approchés par nos soins, préfèrent se murer dans un silence déroutant. « Allez-y-vous informer à Niamey ! Ils sont à la base de cette nouvelle tarification. Nous ne sommes pas là pour vous expliquer quoi que ça soit ! », réplique, la mine maussade, l’un d’eux n’ayant pas aimé la question.
De toute évidence, la hausse est réelle ! Des affiches portant les nouveaux tarifs à peine lisibles sont accrochées à côté de l’agent chargé de la vente des tickets. Tous les tarifs sont majorés et pire sur toutes les lignes tant à l’interne qu’à l’externe du pays.
Feignant l’achat d’un ticket de bus sur Niamey. Nous demandons avec un air faussement innocent : « Pourquoi cette augmentation ? ». Occultant la question, l’agent nous dit tout de go : « Tu ne vois pas l’affiche ? ».
Dans une autre compagnie, nous engageons la causerie avec un employé à ce sujet. Il nous fait remarquer : « les voyageurs sont rares depuis la hausse de nos tarifs. On dirait que les gens ne veulent plus voyager ! », continue l’employé en ricanant : «Tayi tawri ! », autrement dit en langue locale : « C’est dur ! ».
A la question de savoir où sont maintenant ces voyageurs ? Il répond d’un air sérieux : « ils sont dans les gares traditionnelles ! Là-bas, c’est moins coûteux mais les accidents sont plus nombreux que chez nous ».
Selon toute vraisemblance, l’entrée en vigueur des dispositions de la nouvelle loi de finances n’est pas étrangère à cette hausse de tarifs des billets de bus. « Les Nigériens doivent s’en prendre à cette nouvelle loi pas à nous autres, pauvres commerçants ! Nous sommes aussi des victimes de cette loi de Finances », confie Abdoulkadre, chef d’une agence de transport de la place.
Interpellé par les multiples plaintes des citoyens, il a fallu le 25 janvier dernier pour que l’Etat réagisse à travers un communiqué succinct qui : « instruit les structures compétentes de geler les nouvelles tarifications qui sont à tout point de vue abusives….Et de promettre qu’un comité est mis en place pour faire des propositions prenant en compte les avantages à caractère social accordés à ces sociétés pour soulager la population ».
Cinq jours après cette promesse. Les usagers se plaignent encore et crient à l’arnaque. « Je pense que ces compagnies se moquent de nous et même de l’État ! Elles refusent de suivre les instructions du gouvernement. Rien que ce matin, j’ai renoncé à payer un billet à mon fils qui veut voyager à cause de son coût élevé ».
Il se susurre cependant que certaines compagnies auraient accepté de revoir leurs tarifs à la baisse de peur sûrement de subir l’ire du gouvernement qui les a menacé par la voie de son ministre de finances Hassoumi Massaoudou : « des mesures de représailles pouvant aller jusqu’à la suspension des faveurs du code des investissements qui leur ont été octroyées par l’Etat ».
Jusqu’à quand va durer cette situation ? Personne ne le sait. Tous les regards sont désormais tournés vers la réunion de travail qui a lieu ce lundi (Ndlr : 29 janvier) entre l’État et les représentants de ces compagnies à travers la chambre de commerce.
Pour lutter contre les effets de cette loi de finances jugée impopulaire, des acteurs de la société civile ont organisé le week-end dernier une gigantesque marche citoyenne à la place Toumo de Niamey et même à l’intérieur du pays.

Moussa ANABA

 

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