Ce 24 février 2023, l’Association des Blogueurs pour une Citoyenneté Active (ABCA) a déposé, au niveau du ministère de la justice, du CSC et de l’Assemblée Nationale, un avant-projet de loi portant statut du blogueur au Niger. L’objectif est de plaider pour la reconnaissance juridique du statut du blogueur d’abord, puis la régulation du secteur du blogging au Niger.
L’avènement de l’internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) a donné naissance à des nouvelles plateformes d’expression libre qui occupent de plus en plus une place de choix dans les sociétés, à l’instar, ou au-delà même des médias traditionnels. Parmi ces plateformes, l’on peut noter les blogs et les médias sociaux qui, utilisés à bon escient, contribuent efficacement au partage d’informations et d’idées dans l’espace numérique. Cependant, jusqu’alors, tout comme l’exercice du journalisme en ligne, le blogging n’est pas juridiquement reconnu, encore moins règlementé au Niger. Ce qui conduit souvent les acteurs à des abus et dérives et les exposent à des pénalités plus ou moins sévères. C’est justement en vue de combler ce vide juridique que l’ABCA a déposé, auprès de trois institutions concernées, un avant-projet de loi portant statut du blogueur au Niger pour demander la reconnaissance, mais aussi la régulation de ce nouveau secteur d’activité qui attire un nombre important de personnes.
« Nous avons constaté que ces derniers temps, les institutions évoquent régulièrement la régulation des médias sociaux », a souligné la Présidente de l’ABCA, Samira Sabou. « Et en dehors même d’évoquer, poursuit-elle, des nombreuses assises sont en train de se faire concernant la régulation des médias sociaux ».
Samira Sabou de rappeler que les institutions, comme le CSC, sont depuis une dizaine d’années engagées dans la modification des textes visant à reconnaitre l’exercice du journalisme en ligne. De même, ajoute-t-elle, « aujourd’hui, nous avons des nouveaux acteurs, que sont notamment les blogueurs. Et dans cette sphère de blogueurs, on a aussi des activistes, des influenceurs etc ».
« Nous pensons que ces institutions doivent collaborer avec les acteurs du secteur pour qu’on ne puisse pas avoir des difficultés, relatives, par exemple, à la loi sur la cybercriminalité », a relevé la Présidente de l’ABCA, rappelant que ladite loi a causé beaucoup de problèmes et continue aussi d’en causer en matière des droits.
Pour la blogueuse, « il est inconcevable qu’il y’ait des journalistes qui ne se retrouvent pas devant le juge sous prétexte qu’ils exercent sur un support qui est du papier journal, la télévision ou la radio, mais automatiquement dès qu’ils se retrouvent à exercer en ligne, ils sont soumis à des sanctions ».
« Donc, c’est au regard de tous ces faits que nous pensons qu’il est temps que le Conseil Supérieur de la Communication, parce que c’est de cette institution que relève la régulation des communications en ligne, puisse justement réguler ce secteur d’activité, tel qu’on le dit régulièrement lors des assises tant au niveau national ou auprès du Président de la République et d’autres institutions. Donc, c’est une main tendue. C’est des documents que nous apportons pour cela », a expliqué la présidente nationale de l’Association des Blogueurs pour une Citoyenneté Active.
S’articulant essentiellement autour de sept (7) chapitres, l’avant-projet de loi portant statut du blogueur au Niger évoque les dispositions générales ; traite de la création, de l’enregistrement et de la carte de blogueur professionnel. Aussi, il consacre la rectification et le droit de réponse ; les droits et les obligations du blogueur. Le document traite enfin des sanctions et consacre la poursuite ainsi que les dispositions transitoires et finales. Des points qui doivent être pris en compte pour encadrer l’exercice du blogging, estime ABCA.
Il faut noter que l’ABCA, en consortium avec l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC-Niger), a élaboré, en 2021, une charte des médias sociaux au Niger en vue d’affirmer les responsabilités des bloggeurs et encadrer leur rôle dans la construction de l’état de droit, à travers la liberté d’expression, la redevabilité et le respect des droits de la personne humaine. La charte vise également à aider les acteurs numériques à utiliser les médias sociaux avec discernement et à engager chaque blogueur à respecter les règles de la communication sociale.
En dehors de cette charte, l’association a mené plusieurs campagnes de sensibilisations, à travers le pays, relativement aux techniques de diffusion de l’information sur les médias sociaux, mais aussi sur les questions de la promotion de la paix et de défense des droits de l’homme en passant par la promotion et la consolidation de la démocratie.
Au vu de l’apport important du blogging sur le plan sociopolitique, les autorités nigériennes doivent saisir favorablement la main tendue des acteurs du domaine et même en faire une opportunité pour collaborer avec eux. Pour ce faire, un dispositif juridique de reconnaissance et de protection doit avant tout être mis en place.
Ahmadou Atafa
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