Une délégation de haut niveau du Niger s’est rendue à Cotonou, au Bénin, ce 24 juillet 2024, à la demande des anciens présidents béninois Yayi Boni et Nicéphore Soglo. La visite de cette délégation, conduite par le ministre de l’intérieur, le Général Mohamed Toumba, a pour objectif de discuter de divers sujets d’intérêt commun entre les deux pays, dans un contexte de tensions persistantes.
Les tensions entre le Niger et le Bénin ont principalement débuté après le coup d’État militaire au Niger en juillet 2023. La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a alors imposé des sanctions strictes, y compris la fermeture des frontières, pour faire pression sur le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) afin qu’il restitue le pouvoir au président élu, Mohamed Bazoum. Le Bénin, en tant que membre de la CEDEAO, a respecté ces sanctions et fermé ses frontières avec le Niger, marquant ainsi le début des frictions entre les deux nations.
Tensions exacerbées
La situation s’est aggravée avec les accusations du Niger selon lesquelles le Bénin abriterait des bases militaires françaises destinées à le déstabiliser. Bien que les sanctions aient été partiellement levées en février 2024, les relations sont restées tendues. Le Niger a maintenu ses frontières fermées aux marchandises béninoises, tandis que le Bénin a bloqué les exportations de pétrole nigérien via son port de Sèmè-Podji. Ce développement menace un accord pétrolier majeur entre le Niger et la China National Petroleum Corp (CNPC), portant sur un pipeline de 2 000 kilomètres reliant le champ pétrolifère d’Agadem au port du Bénin. Dans cet épisode, le Niger a accusé son voisin de violer les accords de transit pétrolier signés avec lui et l’entreprise chinoise.
En juin 2024, cinq ressortissants nigériens, dont la Directrice Générale Adjointe de WAPCO-NIGER (filiale de la CNPC), ont été arrêtés au Bénin pour avoir prétendument accédé « frauduleusement » au site de la station terminale de Sèmè (où est chargé le pétrole) et utilisé de fausses attestations. Trois d’entre eux ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis pour « usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées ». En réponse, les autorités nigériennes ont fermé les vannes du pipeline jusqu’à l’heure actuelle.
Vers un dénouement de la situation ?
Actuellement, les anciens présidents béninois Yayi Boni et Nicéphore Soglo, avec l’accord du président actuel Patrice Talon, ont initié des discussions pour désamorcer ces tensions. Parmi les sujets à aborder, l’éventuelle ouverture des frontières entre le Niger et le Bénin pourrait être discutée, ce qui permettrait de rétablir les liens économiques et sécuritaires entre les deux nations.
En tout cas, les populations espèrent que la délégation à Cotonou puisse ouvrir la voie à un dénouement de la situation tendue entre les deux pays. Conduite par le Général Toumba, elle est composée de Dr Soumana Boubacar, Ministre Directeur de Cabinet du Président du CNSP, ainsi que de représentants des Hauts Commandements de la Gendarmerie Nationale, de la Garde Nationale, de la Police Nationale et de la Direction générale de la Documentation et de la Sécurité Extérieure (DGDSE).
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