Le Tchad a annoncé l’examen d’un possible retrait de ses troupes de la Force Multinationale Mixte (FMM), évoquant une « absence de mutualisation des efforts » au sein de cette coalition régionale contre Boko Haram. Cette décision, communiquée le 3 novembre, intervient après une récente attaque meurtrière de la secte Boko Haram contre les forces tchadiennes à Barkaram, dans la province du Lac Tchad.
Selon un communiqué de la présidence tchadienne, l’attaque de Barkaram, survenue le 27 octobre, a suscité une réponse immédiate du président Mahamat Idriss Deby Itno, qui s’est rendu sur place dès le lendemain. Sur le terrain, il a supervisé les mesures de renforcement de la sécurité et ordonné le lancement de l’opération « Haskanite » pour traquer les assaillants.
Constat de manque de coordination dans la FMM
Créée en 1994 sous l’égide de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) pour combattre la criminalité, la FMM s’est réorientée en 2015 vers la lutte contre Boko Haram. Cependant, cette force, regroupant le Cameroun, le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Bénin, peine à garantir une action concertée sur le terrain, d’après la présidence tchadienne.
Le communiqué souligne qu’au lieu d’une union des efforts, la FMM est aujourd’hui freinée par « l’absence de mutualisation des efforts » essentielle pour affronter cet ennemi commun. La FMM « semble tomber dans la léthargie », ce qui compromet l’efficacité de la lutte conjointe.
Vers une mobilisation des ressources nationales ?
Si le retrait venait à être confirmé, le Tchad pourrait opter pour des opérations autonomes, concentrant ses ressources sur la sécurisation des frontières. Mahamat Idriss Deby Itno a réaffirmé le devoir de protéger avant tout les citoyens tchadiens, tout en soulignant que le pays continuerait à respecter ses engagements dans la lutte régionale contre le terrorisme.
Cette réévaluation stratégique pourrait redéfinir les priorités militaires autour du Lac Tchad, soulignant les défis de la coopération régionale face aux menaces asymétriques. Ce retrait pourrait exacerber les vulnérabilités sécuritaires des pays comme Niger, qui, malgré sa suspension temporaire de la FMM après le coup d’État de juillet 2023, avait exprimé en août sa volonté de reprendre une « participation active » suite à l’amélioration de ses relations avec le Nigeria.
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