Notre peuple préfère la tyrannie à la souveraineté. Au fond, il ne fait pas un mauvais calcul. C’est une question d’économie et de paresse. La démocratie n’est pas simple, elle exige de l’encre et de la sueur ; il faut s’instruire, convaincre et accepter de perdre. La dictature ne demande aucun effort ; il suffit d’obéir au chef et de se la boucler. Les moutons sans le berger s’égarent, ils aiment le bâton qui les dresse. Tu cherches à comprendre pourquoi sommes-nous des soumis ? C’est parce que nous sommes plus bêtes que ceux qui mènent le navire. Les lois et les coutumes s’agencent d’elles-mêmes. Les ronces poussent dans la rocaille et les rosiers ne fleurissent pas dans le fumier. Ne cherchons pas le soleil à minuit, tout est clair à l’aube de nos errances, nous sommes des délinquants, coupables d’êtres lâches, lâches d’êtres fourbes, trop fourbes pour être saints. Il y a de la duperie dans nos contenances, de la vulgarité dans nos songes, de l’exagération dans nos gestes. Puisque nous fuyons nos responsabilités, ne cherchons pas les assassins parmi nous, inventons des boucs émissaires, accusons plutôt les juifs et les croisés. Demandons-leur repentance, vivons dans le passé, nourrissons nos regrets. C’est simple et cela apporte de l’ivresse au peuple. Il a besoin de haïr pour se sentir fort, de culpabiliser pour ne pas assumer sa défaillance. Notre patriotisme est surfait, c’est le bruit des bottes sans le sacrifice, le slogan qui assèche le poème, la farce des dindons, la danse des pitres, le manège des animaux…
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K. Akouche
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