Algabid Idder, Secrétaire Général de l’USN : « Si l’on ne fait pas attention, ce serait exposer des milliers des scolaires nigériens à ce virus mortel. »

Algabid Idder, Secrétaire Général de l’Union des Scolaires Nigériens (USN) nous livre son regard sur la volonté des autorités nigériennes à rouvrir les établissements d’enseignement le 1er juin prochain dans un contexte sanitaire délicat. En effet, pratiquement chaque jour, le Niger annonce des nouveaux cas de coronavirus enregistrés dans presque toutes les régions. En dépit de ce contexte de précarité sanitaire, le ministre de l’enseignement supérieur, coordinateur des ministères en charge de l’éducation nationale a, au cours d’une conférence de presse animée le 11 mai dernier, annoncé que la réouverture des établissements est prévue pour le 1er juin 2020. Une décision jusque-là maintenue.
Pessimiste, Algabid Idder nous parle ici, de sa vision et de ses inquiétudes sur la situation qui prévaut et qui n’est pas sans risques, selon lui.
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Algabid Idder, vous êtes le Secrétaire Général de l’Union des Scolaires Nigériens (USN), les autorités nigériennes ont demandé aux élèves et étudiants de reprendre le chemin de l’école dans quelques jours, précisément le 1er juin. Est-ce que vous avez été informé avant cette date ?

D’abord, permettez-moi de vous remercier pour cette opportunité que vous nous accordez afin de nous exprimer relativement à cette reprise des activités académiques prévue pour le 1er juin 2020. Il me plait, d’abord, de me réjouir de cette annonce, parce que pour nous, cela exprime deux choses.
La première, c’est que notre pays semble vaincre ce virus mortel qui a fait tant de ravages sur le plan international. Eh bien, effectivement pour nous, lorsque le gouvernement se prépare pour cette réouverture des établissements, cela annonce une maitrise parfaite et une prise de dessus sur ce virus ; ce que nous souhaitons tant.
Secundo, nous l’avons dit, nous n’avons pas été associés aux réflexions de manière directe quand ils ont fixé la date du 1er juin. Néanmoins, pendant ce temps de pause, nous étions permanemment en pourparlers sur comment sauver l’année académique dans ce contexte de pandémie de COVID-19. Il faut le dire, la décision du 1er juin, nous aurons, ce mardi(Ndlr : 19/05/2020) une réunion avec le cadre de concertation du ministère des enseignements secondaires sur cette rentrée du 1er juin. D’ores et déjà, nous, après le point de presse du ministre de l’enseignement supérieur, nous avons clairement dégagé notre position qui est pleine d’inquiétudes et pleine d’incertitudes relativement à une bonne reprise. Parce que les mois de juin et juillet, dans notre pays, constituent des moments qui sont en pleine saison pluvieuse. Et connaissant très bien nos établissements scolaires qui, à 50 voire 60%, sont bâtis en classes de paillotes où la majorité des élèves sont entassés dans les classes parfois sans tables-bancs, et tout cela combiné à cette menace, parce que l’on continue encore à enregistrer des cas de coronavirus dans notre pays. L’inquiétude de l’USN est grande, et nous l’avons dit déjà dans nos premières sorties médiatiques.

M. Algabid, vous avez sûrement des préalables à poser avant cette rentrée…

Effectivement, comme je vous l’ai annoncé, ce mardi 19 mai à 10 heures, nous aurons une réunion avec le cadre de concertation. Cette réunion aura deux (2) points à l’ordre du jour. Le premier est relatif à cette rentrée et le second aux divers. Nous ne pouvons pas exposer nos camarades. Il y a deux (2) risques aujourd’hui qui couvrent cette rentrée.
Le premier risque, c’est la question de cette pandémie de COVID-19 où nous ne sommes pas encore à zéro (0) cas, et rien ne nous dit qu’il n’y aura pas un retour de cette situation. Il n’y a pas de garantie claire et nette par rapport à cette menace. Cela veut dire que si l’on ne fait pas attention, ce serait exposer des milliers des scolaires nigériens à ce virus mortel.
Secundo, notre inquiétude fondamentale, qui constitue le deuxième risque, est liée à la saison pluvieuse, comme je vous l’avais annoncé plus tôt. Parce que beaucoup des classes sont en paillotte ; beaucoup d’élèves n’ont pas des tables-bancs, et je ne sais pas dans quelles conditions les cours pourraient êtres réguliers et permanents.
Et tertio, il faut le dire aussi, nous partageons fondamentalement l’inquiétude selon laquelle on n’est pas sûr qu’en 45 jours on peut finir l’année académique 2019-2020.

M. Algabid Idder, beaucoup d’étudiants se plaignent déjà de l’insuffisance et de l’exiguïté des salles de cours. Avec cette pandémie de Coronavirus, il est demandé de respecter certaines mesures barrières telle que la distanciation physique. Pensez-vous que les autorités universitaires peuvent juguler ce problème ?

Il faut le dire, déjà notre pays fait face à un problème d’infrastructures réel, et cela à tous les niveaux. Tant au niveau de l’enseignement supérieur qu’au niveau de l’enseignement secondaire et professionnel. Le problème d’infrastructures, notamment des amphithéâtres dans les universités, c’est un problème réel qui est aujourd’hui palpable, clair et net. Nous avons une certaine disproportion très légendaire entre les effectifs des étudiants et les infrastructures censées les contenir pour les cours. Donc, face à cet état des faits qui est indiscutable, il est clair que la menace est réelle ; il est clair qu’il y a de quoi s’inquiéter.

Algabid Idder, avez-vous un dernier mot ?

Oui, il me plait de dire aux camarades, à l’ensemble de scolaires nigériens qui peuvent s’y situer, de se préparer d’avoir les yeux ouverts, comme on le dit, parce que nous venons de connaitre une épreuve inédite de notre génération. Il faut le dire parce que nous, notre génération n’a pas connu auparavant ce genre de situation où en pleine année académique vous pouvez faire pratiquement trois (3) mois d’observation. C’est une rude épreuve à laquelle les scolaires nigériens ont été soumis. Il va de soi qu’aujourd’hui, lorsque la reprise des activités académiques est annoncée, que cela suscite beaucoup d’inquiétudes, parce que c’est un état de fait très singulier, en tout cas, à cette année académique. Donc, je les invite tous à être vigilants, à être prudents et à attendre les prochaines réactions de leur structure.

Interview réalisée par DIM et Ahmadou Atafa

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