Niger/Procès : 500 000 F d’amende contre le journaliste Moussa Aksar

Poursuivi pour diffamation, à la suite de son enquête ayant révélé un détournement de 71,8 milliards de FCFA au Ministère nigérien de la Défense Nationale, le journaliste d’investigation, Moussa Aksar, président de la CENOZO et directeur de publication de L’Evenement Niger, a comparu, ce vendredi 09 avril 2021, devant le Tribunal du 3ème arrondissement communal de Niamey. Au terme de sa comparution, 500 000 FCFA d’amende ont été requis contre lui.
Malgré les intimidations, les harcèlements et même les menaces de mort dont il fait objet dans le cadre de cette enquête, le journaliste dit être ferme et déterminé à poursuivre son combat jusqu’à la fin. N’en déplaise à ceux que dérange le dossier évoqué et qui veulent coûte que coûte l’étouffer ici et maintenant. « Je dois vous dire que ce dossier, par cette action, on veut l’éteindre ici au Niger pour que des actions à l’international ne soient pas poursuivies. Mais, peine perdue », a assuré, très confiant, M. Aksar à la presse, à sa sortie du procès.
Il a souligné qu’il n’y a pas longtemps qu’un groupe d’experts a présenté son enquête au niveau du Parlement britannique et qu’ « il y’a des avocats internationaux qui sont déjà à pied d’oeuvre pour poursuivre à l’international les auteurs de cette malversation gigantesque au Ministère nigérien de la Défense ». « J’ai effectué des missions sur le lit de Lac Tchad, sur le théâtre des opérations ; j’ai dormi avec des soldats à même le sol et j’ai rapporté ce qu’ils vivent aux citoyens. On a fait un téléthon de plus de 2 milliards de FCFA. Je ne peux pas comprendre que des individus, pour construire des immeubles à Paris, ailleurs, puissent détourner l’argent qui leur est destiné », a expliqué le journaliste d’investigation, ajoutant que « c’est pour cela que je tiens à cette investigation. Et je vous assure qu’elle ne va pas s’éteindre. Ce n’est qu’un début ça ; le reste viendra ».
Moussa Aksar retournera au tribunal le 7 mai prochain pour le délibéré. Selon lui, quelle que soit la suite de son procès,
« le dossier ne va pas s’éteindre » car il y a des journalistes qui vont poursuivre le travail.
Pour rappel, l’enquête qui a valu cet acharnement contre le journaliste d’investigation, Moussa Aksar, est basée sur des rapports d’activités suspectes de l’Unité de renseignement du Trésor américain et le Réseau de lute contre la criminalité financière, connu sous le nom de FinCEN. Elle a été réalisée dans le cadre du projet international d’investigation finCEN Files qui a réuni des journalistes de près de 90 pays, sous la coordination du Consortium international des journalistes investigation (ICIJ) basé à Washington aux Etats-Unis. L’enquête a été publiée par Moussa Aksar le 20 septembre 2020.

Ahmadou Atafa

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