COVID-19 au Niger : la réticence à la vaccination, un frein à la lutte contre la pandémie

Au Niger, la campagne de vaccination contre la COVID-19 a débuté le 29 mars 2021. Une première phase basée sur deux sortes de vaccins, à savoir l’AstraZeneca et le Sinopharm. A la date du lancement officiel de la deuxième phase, le 30 juin 2021, le pays a enregistré un taux de vaccination de 2%, soit 300 000 personnes, alors qu’il faudrait un taux de 80% de la population vaccinée pour atteindre l’immunité collective et rompre efficacement la chaine de transmission, selon le secrétaire général adjoint du ministère nigérien de la santé publique et des affaires sociales, Dr. Bawan-Alla Goubekoye. Pourquoi une telle réticence de la part de la population nigérienne ? Éclairage.

Ce faible taux de personnes vaccinées qui est dû essentiellement à une réticence de la population à la vaccination constitue un frein à la lutte contre la pandémie.

En effet, des rumeurs, montées de toutes pièces, attribuant à ces vaccins des effets secondaires indésirables, dans le but de les discréditer, constituent l’un des facteurs qui ont intensifié le repli de la population face à la vaccination qui est pourtant un moyen de protection non négligeable. Même si, à un moment donné, les Nigériens ont fait preuve de respect des différentes mesures barrières, notamment le port de masque, la distanciation physique, le lavage systématique des mains à l’eau et au savon ou avec du gel hydroalcoolique, édictées par le Gouvernement pour ralentir la propagation du virus, force est de constater que, jusque-là, peu d’entre eux (2% à la date du 30 juin 2021) ont répondu favorables à l’appel à la vaccination anti-COVID-19, lancé depuis le 29 mars dernier. Or, aujourd’hui, le vaccin, complémentaire aux gestes barrières, reste le seul moyen sûr de lutte contre la COVID-19, selon les explications du Dr. Bawan-Alla Goubekoye lors du lancement de la deuxième phase de vaccination.

Plusieurs personnalités ont accepté de se faire publiquement vacciner au Niger pour d’abord se protéger, puis protéger leurs proches, mais aussi servir d’exemple pour l’ensemble de la population dont une bonne partie émet des doutes quant à la véracité de la présence du virus dans le pays.

Brigi Rafini, premier ministre de l’époque recevant sa première dose de vaccin anticorona

Parmi ces personnalités, l’on peut citer l’ancien premier ministre, Brigi Rafini, qui était présent lors du lancement de la première phase de vaccination (et ayant contracté le virus en novembre 2020), les chefs d’agence du système des Nations Unies, le Ministre de la santé publique et l’Ambassadeur de l’Union européenne au Niger qui ont déjà reçu leur deuxième dose du vaccin AstraZeneca offert par le mécanisme COVAX au Niger.

Se vacciner, c’est se protéger mais aussi protéger les autres

Un vaccin qui, selon la représentante de l’OMS au Niger, Dr. Anya Blanche, fait partie des vaccins qui ont été homologués par l’Organisation Internationale de la Santé (OMS).

Nonobstant cet élan de sensibilisation la population doute 

La population, elle ne s’est toujours pas totalement donnée à cette stratégie importante de lutte contre la propagation de la COVID-19 qu’est la vaccination. Seule une infime partie de cette population a été vaccinée à l’heure actuelle. La grande partie y demeure réticente en dépit de ces exemples qui auraient pu l’influencer et de différentes campagnes de sensibilisation entreprises par l’Etat et ses partenaires. Il reste beaucoup à faire dans le cadre de ces campagnes de vaccination, car le Niger, selon des récentes statistiques, a jusqu’ici moins de 3% de sa population vaccinée. Pourtant, à l’échelle nationale, la cible estimée est d’au moins 80% de la population générale.

Des fausses informations qui discréditent les vaccins et intensifient l’embarras des populations

Cette réticence de la population à se faire vacciner a été surtout intensifiée par certaines rumeurs circulant, aussi vite que le virus, sur les réseaux sociaux et qui se partagent de bouche à oreille, notamment celles associant les vaccins contre la COVID-19 à l’infertilité.
A l’instar de plusieurs pays africains, ces rumeurs ont circulé au Niger. Mais, il a été relevé que cela reste que des « on dit » dont rien ne prouve la véracité. L’OMS a tenu à éclairer les populations sur ces rumeurs non fondées.
« Il n’existe aucune preuve scientifique que ces vaccins sont nocifs pour le système reproductif », a assuré, dans un spot, le bureau régional de l’OMS pour l’Afrique-AFRO. Il a évoqué que ces affirmations sur les vaccins ne sont pas nouvelles. Certains croyaient que le vaccin le papillomavirus humain (HPV) rendait stérile, a-t-il rappelé, avant d’assurer que « c’est complètement faux ». Selon la même source, aucun vaccin autorisé n’entraine l’infertilité. « Les vaccins sont soigneusement testés pour vérifier leur sûreté et leur efficacité avant que leur usage soit approuvé. Et même lorsqu’ils sont déployés, les scientifiques continuent de surveiller si le vaccin provoque des effets secondaires indésirables », a-t-il été expliqué dans le spot.

Au Niger, en mai dernier, une vidéo montrant une dame présentant des œdèmes sur le visage et qui seraient causés par le vaccin contre la COVID-19 a été relayée et abondamment commentee sur le réseau social Whatsapp.
Après une enquête menée par le ministère de la santé publique, il a été ressorti que la dame en question est une patiente chronique connue et suivie par les services de santé pour les réactions allergiques répétitives caractérisés par des œdèmes du visage retracés dans les registres des service sanitaires depuis 2020, avait indiqué, dans un communiqué, le ministre de la santé publique. Selon le communiqué, « la dame a été filmée à son insu par sa voisine du marché qui la taquinait en lui posant des questions tendancieuses sur le lien entre son problème d’œdème facial et la vaccination qu’elle a eue dix jours plus tôt ».

En outre, à l’échelle internationale, des informations faisant croire que les vaccins contre la COVID-19 rendent magnétiques les personnes ont aussi été récemment partagées sur les réseaux sociaux. Des vidéos prétendant montrer des aimants collés à la peau au point d’injection du vaccin sont devenues virales. Certaines personnes affirmaient que c’était la preuve que le vaccin contre la COVID-19 contient des puces électroniques.
Quelques jours après, l’affirmation a été réfutée par des vérificateurs d’infos partout dans le monde depuis 2020, a relevé le bureau régional de l’OMS pour l’Afrique-AFRO qui a indiqué que ces « affirmations sont sans fondement ». « Les vaccins (…) ne contiennent pas d’ingrédients à base du métal », a-t-il annoncé poursuivant qu’ « il est normal de ressentir des effets secondaires légers comme un mal de tête, des frissons, de la fièvre, de la nausée et une douleur au point d’injection après avoir été vacciné ».

Faceà ces nombreuses fausses informations visant à discréditer les vaccins contre la COVID-19, l’OMS et ses partenaires des pays concernés réagissent toujours le plus vite possible pour rassurer les populations que le vaccin est un moyen sûr pour limiter la propagation du virus et les appellent sans cesse à plus de vigilance tout en l’invitant à se faire vacciner « sans aucune crainte » dans les différents sites définis pour la circonstance.

Les populations tombent facilement dans les pièges de fausses informations montées par des « antivaccins » et qui se distillent très rapidement en sémant la panique dans ces populations. C’est pourquoi il est toujours important de suivre des sources fiables d’informations comme l’OMS, CDC Afrique et l’UNICEF pour des informations rigoureuses sur les vaccins contre la COVID-19.

La nécessité de se faire vacciner s’accroit avec la menace d’une troisième vague

Selon les conclusions du conseil des ministre du 24 juin 2021, la deuxième campagne de vaccination de masse anti-COVID-19 qui s’est déroulée du 15 au 22 juin 2021 au Niger a permis d’améliorer la couverture vaccinale COVAX, bien que les résultats attendus soient en deçà des attentes. Cette campagne a permis de passer de 185 555 personnes vaccinées à la date du 14 juin à 250 499 personnes vaccinées pour la première dose, et de 24 499 à 44 257 personnes vaccinées pour la deuxième dose au 22 juin 2021. Ces chiffres représentent peu vis-à-vis des résultats escomptés.

Cette deuxième campagne, complétant la première, vise d’une part à intensifier le processus de vaccination afin de toucher le maximum de personnes, et d’autre part à freiner « la survenue de la troisième vague de COVID-19 encore plus virulente, caractérisée par des variants dans beaucoup de pays du monde », avait expliqué le ministre de la santé publique, de la population et des affaires sociales, Dr. Idi Illiassou Mainassara, lors du lancement de la campagne. « Contrairement aux rumeurs qui courent çà et là, ces vaccins sont d’une efficacité avérée et ne présentent aucun danger », a-t-il rassuré.

Selon les informations diffusées, ce 22 juillet, par la représentation de l’OMS en Afrique, « la troisième vague a atteint un point décisif en Afrique ». Dans 21 pays, le nombre de cas a augmenté de plus de 20% pendant au moins deux semaines, soit trois pays de plus que lors de la semaine précédente. D’où l’impérieuse nécessité de se faire vacciner le plus vite possible pour endiguer la propagation de ce virus qui semble revenir avec force.
Grâce au mécanisme COVAX, plusieurs millions de doses de vaccins devraient être réceptionnés un peu partout dans le monde dans les semaines à venir, a annoncé jeudi l’OMS.  « Un afflux massif de doses implique que l’Afrique doit mettre tout en œuvre pour assurer une opération de déploiement de vaccins cinq à six fois plus rapide, afin de pouvoir administrer toutes ces doses et de vacciner entièrement 10% d’Africains les plus vulnérables avant la fin du mois de novembre », a déclaré la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dre. Matshidiso Moeti.

Pour prévenir cette troisième vague, surtout avec l’avènement des variants dont DELTA qui sévit dans beaucoup de pays africains, le Niger, avec la mobilisation effective de la population, doit améliorer sa couverture vaccinale, bien que selon le dernier Conseil des ministres (12 juillet 2021) « l’analyse de la tendance épidémiologique de la COVID-19 montre que la situation est toujours sous contrôle ».

Lav contre la COVID-19 se poursuit au Niger dans les différents sites définis pour la circonstance. Le renforcement du dispositif de cette vaccination est attendu dans les prochains jours, apprend-on, avec l’annonce de l’arrivée des vaccins PFIZER et JHONSON and JHONSON dans le cadre de la facilité COVAX.

Il est fortement recommandé à la population cible (personnes âgées de plus de 18 ans) de se faire vacciner pour freiner la propagation du virus et retrouver la vie socioéconomique normale.  Protégeons-nous urgemment car après, il peut être déjà trop tard !

Ahmadou Atafa
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Article écrit et publié dans le cadre du projet Covid-19 Response in Africa mis en œuvre par le consortium composé de International Media Support et de Free Press Unlimited et financé par la Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement (DG DEVCO) de la Commission Européenne

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