Opinion/Extrême pauvreté au Niger : Le visage hideux de la malgouvernance !

Tous les nigériens se sont sentis brimés dans leur amour-propre, humiliés dans leur chair par le reportage mettant à nu nos compatriotes mendiant dans la capitale sénégalaise. Un choc ! Ce fut vraiment un choc pour nous tous, ceux du pays et même de la diaspora. Après ce reportage dramatique, et comme d’habitude en pareille circonstance, les nigériens que nous sommes, dans un formidable élan, enrobé de faux émoi, cherchons le bouc émissaire. Et d’une même voix, nous parlons de trafic de personnes, de business organisé. Nous réfutons la réalité. Nous nions ces bancs de miséreux sortis de nos entrailles, nous nous voilons les yeux juste pour plaire à notre égo surdimensionné. Un égo qui refuse d’admettre que ces pauvres n’ont d’ouïe et d’yeux, que pour leur… panse. Tenaillés par le manque du minimum vital, ils n’ont plus de retenue. Leur dignité échoit devant le manque du minimum vital. Pourquoi nier que c’est la faim et les privations multiples qui font sortir nos compatriotes de leurs bien-aimés villages et campements ? Pourquoi cacher le réel motif de départs de ces compatriotes vers des horizons meilleurs ? Pourquoi se leurrer devant un drame que nous avons nous-mêmes programmé ? Pourquoi ne pas admettre la faillite de nos politiques de développement mises en œuvre par nos gouvernants successifs ?
Nos autorités, au lieu de prendre en compte ce gravissime signal de détresse et penser urgemment avec quel bandage panser ces plaies putrides, font appel aux sirènes des pompiers de circonstance. Objectif ! Les blanchir et trouver sur qui faire endosser la paternité de ces « images de honte ». Que de salive et d’encre versées par les nigériens de tous bords pour accabler ces pauvres mendiants.
En réalité, personne n’ose nommer le terreau du problème qui a pour nom: mal gouvernance. Voilà le vrai motif d’indignation ! Voilà ce qui doit révolter et indigner les nigériens ! Pas les images que les monstruosités de ces pillages éhontés et impudiques ont enfantées? Ce qui doit nous faire mal, c’est l’incurie de la justice devant tant de scandales de gabegie et d’enrichissement illicite. Le dernier rapport de la cour des comptes du Niger est édifiant à plus d’un titre.
Des nigériens, de surcroit intellectuels, pire munis d’un mandat du peuple volent, pillent les maigres ressources financières du peuple et ce depuis des années sans que cela ne nous indigne. Personne n’a mal dans ce pays quand des gouvernants, leurs ouailles ou leurs protégés politiques détournent en toute impunité des milliards de FCFA destinés à asseoir des politiques de développement prometteuses.
Au Niger, personne ne s’émeut que ces dernières décennies la carte du parti politique soit devenue un gage d’impunité, que le simple badge de conseiller ou de chargé de mission d’une institution étatique ait valeur d’une garantie d’impunité.

Tant que les nigériens que nous sommes trouverons normal qu’un élu du peuple et sa camarilla détournent à leur guise des deniers publics; instrumentalisent sans vergogne l’appareil judiciaire; menacent et embastillent qui ils veulent et où ils veulent, alors acceptons aussi de souffrir de voir des cohortes de nos compatriotes mendier hors de nos frontières. Oui, que notre orgueil de citoyen souffre davantage s’il ne peut s’émouvoir, avoir honte de ce que nos gouvernants font de nos deniers publics.
Le président actuel Mohamed BAZOUM serait dit-on capable de casser cette dynamique de gabegie érigée en mode de gouvernance. Mais au bout d’un an de son magistère, l’appareil judiciaire nigérien reste toujours englué dans son inertie à punir les délinquants, les vrais ! Ceux qui saignent la République. Un an après son élection,  Mohamed BAZOUM tarde à percer le sac à pus qui gangrène sa gouvernance et aliène tous ses efforts d’embellie promise aux nigériens.

A notre humble avis, il est grand temps que le Président actuel fasse retentir le glas funèbre de la mauvaise gouvernance au Niger. Il faut urgemment qu’il fasse revenir ses compatriotes aux fondamentaux de la bonne gouvernance et lesquels ont leur substrat dans l’éducation familiale de base. Il faut désormais que lorsqu’un agent de l’Etat vole les biens du peuple, que toute sa famille et ses amis aient honte de lui. Au lieu de l’acclamer et l’encourager, sa famille surtout doit le bannir, l’excommunier car il est l’exécrable preuve qu’elle a raté son éducation. Elle a mis au monde et élevé un vil VOLEUR.

Ibrahim Manzo DIALLO

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