Le Dialogue National Inclusif Souverain : Vers un ordre constitutionnel définitif au Tchad

Le Dialogue National Inclusif Souverain (DNIS) qui a débuté le 20 août dernier à N’Djamena, au Tchad, a pour but d’aboutir à des élections libres et transparentes, pour un retour à l’ordre constitutionnel. Cette grande rencontre entre les forces vives tchadiennes, regroupe environ 1 500 délégués dont des représentants des partis politiques, des syndicats, des factions rebelles et du Conseil Militaire de la Transition (CMT). Une vingtaine de jours durant, les participants au dialogue échangent autour de la réforme des institutions et d’une nouvelle Constitution, qui sera ensuite soumise à référendum. Entre autres, les questions de la paix et des libertés fondamentales sont également inscrites à l’ordre du jour du dialogue. Les délégués se réunissent en différentes commissions.

Des résolutions pour une stabilité politique durable

A l’issue des travaux menés par le comité ad hoc N°1 qui s’est penché sur les questions liées à la gestion de la transition, le Dialogue National Inclusif Souverain a adopté, le samedi 1er octobre 2022, plusieurs importantes mesures destinées à instaurer, dans le pays, un climat politique serein et une stabilité institutionnelle durable. En effet, les participants ont décidé de prolonger de deux (2), au maximum, la durée de la transition, pour mieux organiser des élections libres, transparentes et crédibles. Aussi, le DNIS maintient le Général Mahamat Idriss Deby à la tête de l’Etat tchadien pour la durée de cette transition, tout en lui autorisant à se présenter aux prochaines élections présidentielles. Les participants se sont également accordé sur un mandat de cinq (5) ans renouvelable une fois pour le prochain président élu. Le comité ad hoc N°1 a, en outre, proposé de dissoudre le Conseil Militaire de la Transition pour ouvrir une deuxième phase de transition issue du DNIS. Ledit comité a aussi fait des propositions relatives aux avantages dont pourraient bénéficier les membres du CMT pour service rendu à la Nation. Ledit comité s’est également prononcé sur l’organisation des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel. Les travaux de ce comité ont abouti à plusieurs autres résolutions qui permettront d’éviter la division au sein des tchadiens et de renforcer la stabilité politique à laquelle aspire le pays.

Les groupes rebelles et le CMT s’accordent pour ramener la paix au Tchad

L’un des points essentiels de cette grande rencontre, notamment l’entente entre les groupes rebelles et le CMT pour le retour de la paix au Tchad, est au centre des travaux du comité ad hoc N°2. Dans un rapport, ce comité a présenté au DNIS une évaluation de la mise en œuvre de 29 engagements de l’Accord de Doha. Selon le comité ad hoc N°2, la première évaluation de cet accord a donné beaucoup d’espoir. Rappelons que deux (2) semaines avant l’ouverture des travaux du DNIS, lors de leur rencontre à Doha au Qatar, les Mouvements Politico-Militaires et le gouvernement de transition du Tchad, se sont engagés à instaurer, entre autres, le ‘’cesser-le-feu général’’ et de « renoncer de manière concomitante à l’incitation à la haine et à toutes les formes d’hostilité de quelle que nature que ce soit ». De même, les deux parties avaient pris l’engagement d’éviter toutes actions susceptibles d’entraver la tenue du présent Dialogue National. Par ailleurs, le comité ad hoc N°2 a évoqué aux participants, les engagements qui n’ont pas été respectés par les deux (2) parties avant l’ouverture de ces assises nationales. Néanmoins, ledit comité a élaboré des recommandations visant la mise en œuvre effective de l’Accord de Doha.

Le DNIS se préoccupe de conditions de vie de la population tchadienne

L’amélioration de conditions de vie de la population tchadienne est aussi l’une des grandes questions sur lesquelles se penchent les participants au DNIS. Cette préoccupation est prise en charge par le comité ad hoc N°3. A cet effet, les membres de ce comité recommandent au gouvernement de Mahamat Idriss Deby Itno, d’améliorer les conditions de vie de l’ensemble des tchadiens à travers une répartition juste et équitable des richesses, des infrastructures et des services sociaux de base, notamment la santé, l’éducation, l’accès à l’électricité et à l’eau, l’accès aux routes et aux fonciers, entre autres. Dans le même ordre d’idée, le comité ad hoc N°3 a invité le gouvernement à utiliser l’approche communautaire pour développer et élargir les bénéfices du fonds du service universel à la fourniture gratuite d’internet dans certains espaces publics, aux applications TIC, à l’énergie et à la télévision. Ledit comité a également recommandé aux autorités de revaloriser les espaces urbains à travers des aménagements durables en mettant un accent particulier sur les espaces publics et de loisirs, d’œuvrer pour la préservation des sites touristiques, de lutter contre la dégradation de l’environnement, entre autres.

Rappelons que le Dialogue National Inclusif Souverain qui devait initialement se tenir en février 2022, avait plusieurs fois été repoussé. Selon un décret récemment signé par le chef de l’Etat, Mahamat Idriss Déby, les décisions du DNIS seront « exécutoires ». Le même décret a précisé que « le président du Conseil militaire de transition en est le garant ». Plusieurs participants estiment que ces assises nationales, permettront de ramener définitivement le Tchad à l’ordre constitutionnel avec des bases institutionnelles fiables et solides. Elles permettront également de mettre définitivement fin au recours aux armes pour régler les divergences politiques.

Oumarou Sani, envoyé spécial Aïr Info à N’Djamena

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