La COMINAK poursuivie en justice pour non-respect de plusieurs engagements vis-à-vis de ses ex-agents

Le Syndicat National des Travailleurs des Mines du Niger (SYNTRAMIN) poursuit en justice la compagnie minière d’Akouta (COMINAK) pour non-respect de plusieurs engagements vis-à-vis de ses ex-agents. Le syndicat demande à ce que ces derniers soient mis dans leurs droits.

Les griefs portés contre la filiale du groupe ORANO (ex AREVA) sont entre autres, la rétrocession des logements de la cité d’AKOKAN, le non-paiement de prime d’un minerai, et le non-respect de plusieurs accords avec ses ex-agents, notamment la prise en charge sanitaire, l’accompagnement en entreprenariat. Les licenciements abusifs des certains agents ont également été évoqués.

Rétrocession des logements

Selon la plainte du SYNTRAMIN, la Direction de la COMINAK a consenti à céder à titre social, les titres fonciers des logements et villas d’AKOKAN à ses ex-agents désireux de devenir propriétaires. Cependant, après des démarches entreprises auprès des autorités nationales et locales, la COMINAK n’a pas tenu au respect de cet engagement, relève le SYNTRAMIN.

A cet égard, les ex-employés, via le SYNTRAMIN, demandent « le respect des engagements de COMINAK ou une compensation à la hauteur de la valeur des villas et logements ». Parce que, indiquent-ils, « c’est en tenant compte de ces villas et logements que les représentants [du personnel] ont accepté les enveloppes des départs ».

Aussi, selon le SYNTRAMIN, conformément aux accords signés pour ladite cession, les employés ont même effectué des dépenses de plusieurs centaines de milles, notamment à la NIGELEC (société nigérienne d’électricité), SEEN (société d’exploitation des eaux du Niger), et dans leurs logements et villas.

« En réquisitionnant nos villas et logements sans tenir compte des investissements à la demande de COMINAK, nous demandons un remboursement des dépenses effectuées », réclament les ex-agents de la filiale du groupe ORANO.

Prime du C7 et fine d’exhaure vendu à la SOMAIR

Le SYNTRAMIN demande également le paiement d’une prime aux ex-agents de COMINAK pour le minerai moins riche appelé C7 et fine d’exhaure vendu à la SOMAIR (société des mines de l’Aïr).

Selon la plainte, dans le cadre des primes, les représentants du personnel ont toujours approché la COMINAK pour l’attribution d’une prime pour ce minerai. « La COMINAK a toujours expliqué qu’ils ne peuvent pas donner une prime pour un minerai non exploité », indique le SYNTRAMIN qui constate qu’ « aujourd’hui à notre grande surprise ils sont entrain de vendre ce minerai à la SOMAIR ».

« C’est pourquoi nous demandons, conformément au travail effectué par les agents, qu’ils soient rémunérés ou qu’on discute sur une prime à allouer à tous les agents présents aux effectifs au 31 mars 2021 », indique la plainte.

La prise en charge Sanitaire

Un autre engagement non respecté par la COMINAK est la prise en charge sanitaire de 5 ans de ses ex-agents, note la plainte du syndicat. Cette prise en charge devait commencer à partir de mai 2021.

« Le constat aujourd’hui est que beaucoup d’agents souffrent des pathologies graves inexpliquées et inexplicables tandis que d’autres doivent prendre des produits à vie alors qu’ils étaient tous partis en très bonne santé à la date d’embauche compte tenu de la spécificité et des risques liés au travail de l’uranium », déplore le SYNTRAMIN. « Aussi dans beaucoup de sociétés filiales du groupe ORANO qui ont fermé, les ex agents ont bénéficié d’une prise en charge à vie », ajoute-t-il.

« Afin d’éviter la mort de plusieurs ex agents », le syndicat demande une prise en charge à vie et l’amélioration de la prise en charge sanitaire dans les localités où CARENE (une société d’assurances) n’a pas de représentation.

L’accompagnement en entreprenariat

Selon toujours la plainte du SYNTRAMIN, conformément au PV des accords et l’APD (avant-projet détaillé) présentés à tous les participants (sociétés civiles, autorités et chefs traditionnels de la région d’Agadez) et voté au conseil d’administration de COMINAK, il a été prévu 500 Millions pour accompagner les ex travailleurs. Dans ce cadre, indique le SYNTRAMIN, la maison de l’entreprise et COMINAK ont sorti des listes des projets à financer et d’autres à accompagner. « Aujourd’hui presque deux ans après la fermeture de COMINAK aucun agent n’a bénéficié d’un financement ou de mesure d’accompagnement », révèle-t-il, en demandant « le respect sans conditions de ces engagements ».

Les licenciements abusifs

Dans la foulée, le SYNTRAMIN évoque aussi des licenciements abusifs, notamment des délégués du personnel et délégués syndicaux ainsi que d’un agent en évacuation sanitaire et qui a été victime d’un accident professionnel grave.

Concernant les délégués du personnel et délégués syndicaux, le SYNTRAMIN soutient qu’ils ont été licenciés en violation des articles : 80, 81, 82, 84, mais aussi des critères et conditions de licenciement pour motif économique.

« Afin d’éviter le suivi des accords signés entre la COMINAK et les représentants et en violation des articles du code de travail sur la protection des délégués du personnel, délégués syndicaux et assesseurs du travail, tous les délégués ont été licenciés », regrette le syndicat.

Hormis ces délégués, un autre agent de COMINAK, en évacuation sanitaire a également été licencié abusivement, informe le SYNTRAMIN.

« Pendant sa période d’évacuation sanitaire pour une maladie à Niamey, un agent a eu un accident grave de trajet de travail qui nécessite un suivi médical de plusieurs mois et ayant un dossier à la caisse pour invalidité et maladie professionnelle a été licencié pendant cette période en violation des règles », a-t-il expliqué dans la plainte déposée contre la COMINAK.

Ahmadou Atafa
Aïr Info

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Journaliste Fact-checker - Blogueur - Communicateur basé au Niger.

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