Niger – Situation sécuritaire à Tillabéri : la société civile s’indigne et exige le départ des bases militaires étrangères

Le Cadre de Concertation et d’Actions Citoyennes (CCAC), un mouvement de la société civile, de la région de Tillabéri a manifesté dimanche son indignation suite à l’attaque survenue, le 10 février dernier, dans la localité de INTAGAMEY (département de BANIBANGOU), mais aussi suite à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région. Face à cette situation, le CCAC exige le départ des bases militaires étrangères, estimant que leur présence ne fait que « desservir » les Nigériens.

La dernière attaque sanglante de INTAGAMEY a fait au moins dix (10) militaires tués, 13 blessés ainsi que 16 disparus et 3 véhicules détruits, selon le communiqué du ministère de la défense nationale. Cette attaque intervient « au moment où le dispositif sécuritaire de la zone est appuyé par des éléments des forces françaises, visiblement les nouveaux maîtres du terrain et dont les capacités techniques et technologiques pouvaient maitriser ou prévenir des situations de ce genre, sans grandes difficultés », a relevé le CCAC de Tillabéri. « Mais, malheureusement, déplore-t-il, c’est à ce moment que nous essuyions des pertes énormes faces à des forces irrégulières qui étaient d’ailleurs affaiblies et désorganisées par nos forces régulières et les combattants locaux ».

Le mouvement a marqué son incompréhension relativement au fait « qu’avec l’intervention des vecteurs aériens, l’ennemi au lieu d’être anéanti se voit juste repousser ». Ce qui, pour le CCAC de Tillabéri, « constitue une manœuvre qu’aucun nigérien ne saurait comprendre et admettre, » partant du principe que des forces françaises sont aux cotés des nôtres pour leur fournir tout l’appui nécessaire en pareille circonstance ».

D’un point de vue général, le mouvement a noté une recrudescence de l’insécurité dans la région de Tillabéri, intervenant après une relative accalmie. Elle se manifeste, explique-t-il, par des incursions répétitives et fréquentes des groupes terroristes tout au long des frontières avec le Mali et le Burkina Faso où les habitants sont sommés de quitter leurs villages, sans compter les enlèvements des personnes et de bétails.

C’est pourquoi, le cadre de concertation et d’actions citoyennes de Tillabéri « interpelle les autorités politiques et militaires et tous les citoyens nigériens épris de paix devant les responsabilités qui sont les leurs dans ce combat contre les forces du mal ». Il estime qu’il appartient à tous les Nigériens de se lever comme un seul homme « pour la défense de la patrie en faisant bloc autour des idéaux de paix ».

« Le CCAC/SCNI, tout en réaffirmant son soutien aux forces régulières nationales, soucieuses de la sécurité du pays et de leurs concitoyens, exige le départ des bases militaires étrangères dont la présence ne fait que nous desservir par la détention du monopole de la lutte sans être directement des combattants sur le terrain », a lancé le mouvement. Par ailleurs, il invite, l’ensemble de Nigériens « à se mobiliser pour faire échec à ces forces obscurantistes qui menacent la paix et la quiétude dans notre pays ».

Depuis 2012, la région de Tillabéri fait face à une insécurité grandissante mettant à rude épreuve toute activité. Ainsi, au nom de la lutte anti djihadiste, des forces étrangères, notamment la force française BARKHANE, s’y sont installées pour justement contrer les actions des Groupes Armés Non Etatiques (GANE). Cependant, il faut souligner que malgré la présence de ces dernières, les GANE continuent de faire leurs lois dans cette partie du Niger où la plupart des départements sont sous état d’urgence depuis plusieurs années. Les activités de ces groupes armés s’illustrant par des exécutions des civils, des enlèvements suivis de demandes de rançons, l’extorsion des biens, les vols des bétails entravent sérieusement la quiétude des populations durement éprouvées dans la zone. La situation a aussi provoqué le déplacement massif des centaines de personnes vers d’autres régions.

Ahmadou Atafa
Aïr Info 

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Journaliste Fact-checker - Blogueur - Communicateur basé au Niger.

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