Il y a quelques jours, nous apprenions à travers les réseaux sociaux le départ d’une mission d’envergure de l’armée malienne pour en découdre avec les forces armées de l’Azawad.
Pour redorer son blason et laver l’affront, la junte au pouvoir à Bamako se doit de ramener au peuple une victoire historique en reconquérant l’intégrité du territoire national. Noble mission me direz-vous !!
Les FAMAs se glorifient à juste titre dans cette expédition de première importance, du soutien précieux des mercenaires wagner, un allié de taille aux atouts multiples. Parmi ces atouts il faut noter la facilité qu’ont ces privés de la guerre à opérer sans état d’âme des génocides sur des populations civiles où qu’elles se trouvent et à ne point faire de prisonniers de guerre, ainsi que leur totale indifférence à l’égard des traités internationaux et des Droit de l’Homme. En somme, un bourreau idéal malléable et utilisable à merci pour exécuter les sales besognes. Mais aussi et surtout «ce sont des blancs » donc forcément plus ingénieux et plus combatifs que nous autres africains, ce qui constitue un apport appréciable pour le moral des troupes.
Cette offensive ultime reste l’opération de tous les dangers pour le Mali et même pour certains de ses voisins immédiats. Elle creusera inévitablement le fossé déjà existant entre le Mali et l’Azawad et risque fort de sonner le glas d’un Etat unitaire au Mali.
Pour l’instant, les combats font rage et nul ne pourra en prédire l’issue. Les deux camps font appel à des soutiens communautaires à travers l’espace sahélo-saharien. Cette mission démystifiera à l’évidence le souverainisme en vogue actuellement, et qui justifie l’instabilité et la remise en cause ça et là des démocraties dans cette partie du continent.
Indépendance, souveraineté, nationalisme sont des slogans d’un autre âge, utilisés à outrance par les putschistes pour tromper et manipuler les peuples dans le seul but de justifier leur forfaiture.
Ces discours creux et populistes seront très bientôt appréciés à leur juste valeur par les populations de ces Etats car incapables de créer un climat de paix et de cohésion sociale. Ces pays qui, en réalité, n’existent sur le théâtre de la communauté internationale que par la seule logique de la colonisation et de la décolonisation. Ces populations découvriront avec du retard certes, que rompre des relations diplomatiques ça et là ne saurait être érigé en projet de société. Rompre les relations diplomatiques et commerciales relève de l’Éxécutif qui peut le décider au gré des intérêts nationaux et ne saurait être traité dans les rues comme dans les années 1960. Il ne peut donc être en soi un objectif ultime dans la vie de la nation.
Ceci est d’autant plus vrai, que l’implication de la communauté internationale et en particulier les anciennes puissances coloniales pendant plus d’un demi-siècle dans ces pays et cela pour leurs propres intérêts, a permis de maintenir un équilibre précaire basé sur l’hégémonie de certaines populations sur d’autres.
A présent, c’est la survie de cet équilibre qui est mis à l’épreuve et l’avenir nous en dira plus dans un bref délai car inévitablement le pourquoi du comment va refaire surface.
Dans un réflexe de survie, les combattants des différents pays de la sous-région ont fait mouvement sur l’Azawad, renforcés par l’inquiétude de voir leurs frères attaqués par d’autres nations autre que le Mali. Allusion au traité récemment signé entre les trois Etats ayant pour point commun la dictature militaire. La roue de l’histoire tourne inexorablement et nul ne pourra l’arrêter.
Le populisme superficiel sans projet véritable de société ne sera que feu de paille et n’aura que des conséquences désastreuses sur la vie économique, sociale et politique de ces Etats.
Les régimes démocratiques mis en place dans ces pays arrivaient à leur rythme à maintenir l’équilibre social, économique et sécuritaire. Ces trois domaines sont aujourd’hui mis à mal par les coups d’Etat. Ceux qui pensent que cela est une chose positive auront un réveil douloureux.
La réalité des choses fera inévitablement surface et le peuple ne pourra que s’en rendre compte.
Nous devons nous convaincre d’une chose : Jamais nos pays n’ont été aussi menacés dans leur existence et leur cohésion sociale. Jamais, ils n’ont été menacés de désordre, source de frustration, d’égoïsme et du chacun pour soi.
Dans le contexte actuel, ramener le débat à des individus, à des clans ou à des régimes est une fausse route qui n’est que périlleuse.
C’est la démocratie et l’état d’exception qui sont mis en balance. D’un côté l’un avec un programme politique, une vision à moyen et long terme, un impératif de développement et une obligation de résultat face à la sanction des urnes. De l’autre côté celui possédant la force, la répression, le déni des droits, la navigation à vue et le dictat des foules. Tel est le débat du jour.
Issouf Ag MAHA, le 06/10/2023
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