Le réchauffement climatique frappe l’ensemble du globe terrestre, et particulièrement le continent africain. En 3e position, selon le rapport d’alerte de l’UNICEF d’octobre 2023, l’Afrique est pleinement concernée.
« Imaginez la terreur d’un enfant à la vue de sa communauté ravagée par un feu incontrôlé, une tempête ou une inondation. En plus d’affronter la peur et la fuite par contrainte, il traverse des épreuves aux conséquences particulièrement dévastatrices, sans savoir s’il pourra rentrer chez lui et retourner à l’école, ou s’il devra se déplacer à nouveau », se désole Catherine Russell, la directrice générale du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).
À l’intérieur de 44 pays, 20 000 jeunes sont déplacés chaque jour. Entre 2016 et 2021, plus de 43 millions d’enfants ont été déracinés et traumatisés par les catastrophes météorologiques. Le rapport de l’UNICEF s’intéresse à ces mineurs, considérés jusqu’alors comme des « victimes invisibles ».
Les dernières tendances mondiales
L’organisation onusienne dédiée à la protection de l’enfance vient de rendre ses données publiques. Les statistiques estiment à 134,1 millions le nombre de déplacements, classés par types d’aléas : tempêtes (69,7 millions), inondations (58,4), sécheresses (58,4), feux incontrôlés (3,4).
Avec le réchauffement climatique, les catastrophes se feront certainement plus fréquentes et plus intenses. Les prévisions d’ici 30 ans ne promettent rien de rassurant : presque 96 millions d’enfants (3,2 millions par an) pourraient être déplacés par les inondations fluviales, plus de 10,3 millions d’entre eux par les vents cycloniques, et encore 7,2 millions d’entre eux par les ondes des tempêtes.
L’Afrique n’échappe pas au fléau
La Corne de l’Afrique (Somalie, Soudan du Sud) attire l’attention, ainsi que l’Afrique subsaharienne. Cette dernière comptabilise, à elle seule, 19 % des aléas confondus (8,2 millions au total) ; ce qui la classe en 3e position des déplacements d’enfants. En cause, les tempêtes (910 000), les sécheresses (1,1 million), les feux incontrôlés (12 000), et les inondations (6,2 millions).
Pour prendre ce dernier cas en exemple, rien qu’en six ans au Niger, 430 000 enfants ont été déplacés contre 650 000 au Nigeria, le plus peuplé du continent. Ce dernier, situé au confluent des deux principaux cours d’eau d’Afrique de l’Ouest (le fleuve Niger et la rivière Bénoué) subit les fortes précipitations provenant du Cameroun, du Mali et du Niger durant la saison des pluies (avril à octobre). Selon une analyse de risques, durant les 30 prochaines années, ce seront 100 000 jeunes déplacés par an sur ce territoire.
La longue attente d’un meilleur avenir
Les mineurs de six pays africains (sur les dix les plus touchés au monde), déplacés et séparés de leurs familles, sont exposés à de multiples risques, notamment à la prolifération des réseaux de trafic d’êtres humains. Ces enfants vivent des situations de grande vulnérabilité (déscolarisation, accès aux soins limité, malnutrition, exploitation ou encore violence) et de grande détresse psychologique (anxiété, dépression, stress post-traumatique).
L’UNICEF recommande la prise de mesures de protection infantile en zone sensible, en conclusion du rapport. L’ONG exhorte les décideurs à agir de manière équitable et inclusive envers les mineurs, pour favoriser leur capacité d’adaptation et de résilience aux chocs.
La Conférence de Dubaï (COP 28) sur les changements climatiques se déroulera aux Émirats arabes unis du 30 novembre au 12 décembre prochains. Des réponses urgentes sont attendues, pour tous ces enfants en souffrance.
Omar SYLLA, contributeur Aïr info
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