Le classement annuel de Reporters Sans Frontières (RSF) sur la liberté de la presse révèle une tendance alarmante pour le Niger. En 2024, le pays a chuté de 19 places par rapport à l’année précédente, se retrouvant désormais à la 80e position sur 180 pays évalués, avec un score de 59,71. Cette baisse significative soulève des préoccupations quant à l’état de la liberté d’expression dans le pays.
En examinant les différents indicateurs utilisés par RSF, plusieurs éléments ressortent. Sur le plan politique, le Niger a vu une légère détérioration, passant d’un score de 62,68 en 2023 à 54,35 en 2024. Cette diminution suggère des pressions croissantes sur les médias de la part des autorités politiques.
Sur le plan économique, la situation s’est également dégradée, avec une chute de 31 places par rapport à l’année précédente. Cette baisse peut être attribuée à des contraintes financières de plus en plus importantes pesant sur les médias indépendants, ce qui compromet leur capacité à fonctionner librement.
Plus inquiétant encore, l’indicateur sécuritaire a enregistré une baisse significative, avec le Niger tombant à la 107e place en 2024, alors que le pays occupait la 36e place en 2023. Cette détérioration de la sécurité des journalistes met en danger leur capacité à exercer leur métier de manière indépendante et sans entrave.
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Cette tendance inquiétante est amplifiée par des événements récents, tels que la détention des journalistes Ousmane Toudou et Soumana Idrissa Maiga, ainsi que la suspension de la maison de la presse. Ces facteurs ajoutent à l’inquiétude quant à la capacité des journalistes nigériens à travailler librement et en toute sécurité. Comparativement à 2023, où le Niger se classait 61e avec un score de 66,84, cette régression est alarmante et témoigne d’une tendance préoccupante pour la liberté de la presse dans le pays. Il est impératif que les autorités nigériennes prennent des mesures pour inverser cette tendance et garantir un environnement favorable à un journalisme libre et indépendant.
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Cette détérioration est également observée à l’échelle mondiale, avec une baisse de l’indicateur politique et une hausse des pressions exercées par les autorités politiques sur les médias. Selon RSF, les périodes électorales sont particulièrement risquées pour les journalistes, avec des violences signalées au Niger, au Nigeria, en République démocratique du Congo et dans d’autres pays. De plus, note-t-on, l’utilisation croissante de la désinformation à des fins politiques, notamment par le biais de deepfakes et de contrôles renforcés sur les réseaux sociaux, compromet davantage la liberté de la presse. En Europe de l’Est et en Asie centrale, les censures des médias se multiplient, révèle RSF. L’ONG souligne également qu’à l’instar du Niger, les juntes au Burkina Faso (86e, – 28 places) et au Mali (114e, – 1 place) resserrent leur emprise sur les médias, contribuant ainsi à la régression de la liberté de la presse dans la région.
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