À Arlit, la société civile a exprimé ses préoccupations concernant les défis majeurs de la région, en particulier ceux liés à l’exploitation minière. Face au Ministre des Mines, le colonel commissaire Ousmane Abarchi, elle a appelé, ce 5 mai 2024, à des actions immédiates pour y remédier.
Dans un discours clair et concis, Elhadj Gamar, représentant de l’ONG Aghirin’man, a abordé, au nom de la société civile, divers problèmes, notamment la sous-traitance dans l’exploitation des ressources naturelles. Il a mis en lumière les dommages causés par ce système et a appelé le gouvernement à prendre des mesures décisives pour y mettre fin, en particulier dans le secteur de l’uranium.
« J’ai appris qu’en ce qui concerne la sous-traitance [dans] l’exploitation du pétrole, des instructions ont été données pour [y] mettre fin. Nous espérons que des décisions [similaires] seront prises en ce qui concerne la sous-traitance dans l’exploitation des ressources comme l’uranium », parce qu’elle y cause également « beaucoup de dégâts », a déclaré l’acteur de la société civile lors de son intervention.
Infrastructures et développement local
Une autre préoccupation urgente concerne l’état déplorable de l’hôpital de la COMINAK qui ne répond pas aux « normes requises » pour un établissement de santé de district. Elhadj Gamar a souligné l’absence de services essentiels tels que la radiologie et la maternité, ainsi que les difficultés d’accès dues à l’état dégradé de la route y menant. Il a alors exhorté à des actions concrètes pour réaffecter des fonds afin de rénover cette infrastructure essentielle.
« Dans le cadre des recommandations du comité local concernant le RDS de COMINAK, nous avons proposé que la COMINAK inclue dans la mise en œuvre du RDS la réhabilitation de cette route. Étant donné que le budget initial du RDS était de 94 milliards de FCFA, porté ensuite à 124 milliards de FCFA, et que la vente d’uranium à SOMAÏR, qui n’était pas prévue, a rapporté environ 6 milliards de Francs CFA, nous recommandons qu’une partie de ces fonds soit allouée à la rénovation de cette route menant à l’hôpital de COMINAK », a ajouté Elhadj Gamar.
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En outre, le représentant de la société civile a insisté sur l’importance pour les sociétés minières opérant dans la région de contribuer de manière significative au développement local, en s’inspirant des initiatives similaires établies par SOMAÏR et COMINAK depuis 2006.
« Nous souhaitons que toutes les sociétés minières qui sont dans cette zone là mettent en œuvre un développement local qui est lié à leur responsabilité sociale et environnementale », a-t-il affirmé.
Dans le même ordre d’idée, Elhadj Gamar a souligné l’importance de l’entretien de la Route Tahoua-Arlit (RTA) par ces sociétés minières. Il a rappelé que la loi prévoit que chaque société participe à 1% de son chiffre d’affaires à l’entretien de cette route, mais il exprime des doutes quant à son application effective. Il a ainsi appelé à une généralisation de cette pratique pour assurer la sécurité et la qualité des infrastructures routières essentielles pour la région.
La redevance minière
Par ailleurs, la question de la redevance minière pour la région d’Agadez a été soulevée, avec des arriérés s’élevant à environ 15 à 16 milliards de FCFA. Elhadj Gamar a mis en cause les modes de recouvrement et de rétrocession de cette redevance, soulignant qu’ils ne sont pas appliqués correctement. Il a appelé le ministre des Mines à veiller à la mise en place d’un système permettant un recouvrement plus rapide de cette redevance, assurant ainsi que les fonds restent dans la région d’Agadez pour soutenir son développement.
Une lettre préalablement envoyée au Ministre des Mines par l’ONG Aghirin’man, datée du 23 avril, avait par ailleurs déjà mis en lumière les préoccupations persistantes concernant l’exploitation du gisement d’uranium de Madawela Arlit par la société canadienne Goviex.
Selon Elhadj Gamar, « Goviex est en train de jouer avec la réglementation nigérienne en cherchant à vendre le gisement dans les banques et autres marchés financiers ». Il déplore que « de 2015 à 2024, Goviex n’a disposé d’aucun instrument d’exploitation d’un gisement d’uranium, aucun bureau, aucun agent sur le terrain, aucun engin ou véhicule de service. Une direction générale dotée seulement d’un DG sans pouvoir ni collaborateurs ».
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