En suspension provisoire depuis le 3 mai 2024, le site aurifère de Fasso, dans la commune rurale de Tabelot, sera définitivement fermé, suite à une décision du ministre des Mines.
Lors d’un point de presse, animé, mardi 14 mai, à Agadez, le Ministre des Mines, le commissaire-Colonel Ousmane Abarchi, a annoncé la fermeture définitive du site aurifère de Fasso, sis dans la région, évoquant des « risques environnementaux ».
Cette mesure intervient après une mission sur le terrain conduite par ledit ministre, suite à des rapports de mortalité animale due à la contamination chimique. Ousmane Abarchi a confirmé que ces animaux « ont bu l’eau polluée par des produits chimiques rejetés par la société chinoise » opérant sur le site de Fasso.
En conséquence, « les instructions sont données à l’administrateur délégué et au directeur régional des mines pour interdire tous les travaux dans cette vallée, compte tenu des risque environnementaux potentiels », a indiqué le ministre, jugeant que « l’endroit n’est pas adapté à une telle exploitation ». « Les exploitants intéressés doivent constituer des demandes sur des zones mieux adaptées en vue d’avoir des autorisations d’exploitation », ajoute-t-il.
Un site de traitement non-autorisé
Le Ministre a souligné que deux autorisations d’exploitation semi-mécanisée étaient enregistrées pour le site de Fasso. Elles sont détenues par des sociétés privées : l’une nigérienne et l’autre chinoise. Il y a également relevé une forte présence « d’exploitants artisanaux informels ».
Par ailleurs, dans la commune rurale de Tabelot, en dehors du site aurifère de Fasso, la mission ministérielle s’était rendue au site de Tabelot. « Un site de traitement de minerais d’or qui n’a jamais été autorisé par l’administration des mines », a révélé le commissaire- Colonel Ousmane Abarchi. Selon lui, le site était installé illégalement et qu’il ne profitait pas à l’État, notamment en termes des droits et taxes qui lui sont dus. Le ministre de rassurer que « les dispositions seront prises en vue de régulariser cette situation qui est un peu fréquente au niveau des municipalités de la région ».
Des pratiques illégales
Sur ces différents sites, la mission qui a duré six jours dans la région, a mis en lumière des pratiques illégales, telles que « l’insuffisance des déclarations de production qui entraîne un manque à gagner pour l’État ; l’exploitation informelle de certains sites entraînant la création des sites orphelins ; le recouvrement des taxes minières par certaines municipalités ». La mission a également constaté le non-respect des normes de sécurité par les travailleurs, à travers notamment le « non-port des équipements de protection individuelle ainsi que l’utilisation abusive non-encadrée des produits chimiques ayant des conséquences sur l’environnement ».
Face à ces constats, le ministre des mines a assuré que le gouvernement s’est engagé à prendre les mesures nécessaires pour remédier à ces problèmes et à garantir une exploitation minière responsable et durable. « Nous avons d’ores et déjà discuté avec les détenteurs des titres miniers qui ont réitéré leur intention à collaborer avec l’administration des mines pour mettre l’État dans ses droits ».
Le commissaire- Colonel Ousmane Abarchi a enfin réaffirmé la « ferme intention [du gouvernement – ndlr] de faire du secteur minier un levier de croissance économique de notre pays, et de faire en sorte que les Nigériens en profitent au maximum ».
Des répercussions socio-économiques
La fermeture du site aurifère de Fasso, exploitée depuis environ dix ans, aura des répercussions significatives sur la vie de milliers de personnes qui dépendent de cette activité pour subvenir à leurs besoins.
Un exploitant, joint par Aïr Info, souligne les difficultés financières auxquelles sont confrontés les occupants du site, depuis l’arrêt provisoire des activités. Selon lui, pour beaucoup d’entre eux, quitter le site est une option inaccessible, faute de moyens pour se déplacer.
En effet, ces occupants, en grande partie des jeunes, sont contraints de s’en remettre à cette activité pour leur survie. Par ailleurs, les activités sur le site contribuent à l’économie locale par le biais de taxes et de frais d’entrée, ce qui renforce les liens économiques de la communauté avec la zone. Cependant, malgré ces réalités, l’opinion locale diverge quant à la fermeture du site. Certains expriment leur désaccord, soulignant que les exploitants informels sont des victimes indirectes, tandis que d’autres reconnaissent les risques environnementaux, comme Issouf Houssa, le chef du village de Tammanit Fasso, qui soutient la décision gouvernementale.
Quelles alternatives d’avenir s’offrent aux occupants du site aurifère de Fasso suite à sa fermeture ? De nouveaux développements émergeront-ils pour faire face au chômage potentiellement accru dans la région d’Agadez ? Les prochains jours nous édifieront.
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