Mali : Tinzawaten, épicentre de la violence

Face aux combattants touaregs, les mercenaires de Wagner font face à des difficultés considérables à Tinzawaten, depuis le 25 juillet. Point sur la situation.

Depuis le 19 juillet, les Forces Armées Maliennes (FAMa) sont engagées dans une laborieuse opération de stabilisation, du secteur d’In-Afarak à celui de Tinzawaten. Le but est de neutraliser la coalition de terroristes auteurs d’exactions, d’abus et de trafic illicite contre la population locale. Fin juillet, dans le Nord-Est de Kidal, la population civile de Tinzawaten, subit de plein fouet les affrontements entre soldats du CMA, du JNIM et les FAMa, accompagnés de nombreux mercenaires de Wagner. Malgré la prise de contrôle de la localité d’In-Afarak, le « camp malien » essuie depuis des pertes dans la zone. Un communiqué de l’État-major des armées précise ainsi : « La bravoure et la détermination de nos soldats n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles ». Concernant son partenariat avec Wagner, des dizaines d’hommes de l’organisation ont été tués, précisément ceux du 13e détachement d’assaut sous la direction du commandant Sergei Shevchenko. D’autres ont été faits prisonniers.

Tandis que les sources officielles annoncent le décès de plus de vingt combattants touaregs, le Cadre stratégique et permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), lui, déplore un total de sept morts. D’après son porte-parole, Mohamed El Maouloud Ramadane : « Les rares survivants des rangs des Forces maliennes et de la milice Wagner ont été faits prisonniers ». Annonce contredite par le pouvoir en place, selon lequel Wagner et les militaires maliens seraient victorieux. Faire la lumière sur les événements est complexe, tant les versions de chaque camp varient, ce, également entre le groupe paramilitaire russe et celui des FAMa.

Sur place, l’appui de l’AES

Dans l’après-midi du mardi 30 juillet, des attaques de drones de l’Alliance des États du Sahel (AES), vraisemblablement du Burkina Faso, visent les « rebelles terroristes » dans la localité de Tinzawaten. Les civils touchés sont des travailleurs maliens, mais aussi soudanais et nigériens, candidats à l’immigration. Ce sont majoritairement des Haoussas et Touaregs. Ces cinq frappes ont également endommagé des véhicules appartenant à des orpailleurs, ainsi que des habitations. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes alertent sur la détresse des populations sur place. Dans un communiqué, le porte-parole du CSP-DPA invite d’ailleurs les autorités turques à « revisiter leur politique de fourniture de drones ».

Au Mali, la population est la première victime d’un paysage sécuritaire de plus en plus alarmant. Selon certains experts, l’efficacité des opérations menées par les alliés du Mali est sujette à débat en 2024. Il est possible de rappeler le résultat des actions wagnériennes de 2023. Selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) les supplétifs russes auraient fait plus de victimes civiles que les djihadistes l’année passée.

Omar Sylla
Aïr info

A propos de Ahmadou Atafa 636 Articles
Journaliste Fact-checker - Blogueur - Communicateur basé au Niger.

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