Les tensions entre le Niger et l’Union européenne (UE) continuent de s’intensifier. Dans un communiqué publié dimanche 24 novembre, Niamey a, de nouveau, dénoncé la gestion « opaque » d’une aide humanitaire envoyée par l’UE. Le gouvernement nigérien a réaffirmé que cette aide n’avait jamais été sollicitée et que son acheminement via des ONG, sans concertation, allait au-delà des limites de l’intervention internationale.
Le ministère nigérien des Affaires étrangères reproche à l’UE d’avoir contourné les autorités nationales en acheminant l’aide via des ONG, sans coordination ni autorisation préalable. « Cette attitude de mépris à l’endroit des Autorités Nigériennes a conduit le Ministre des Affaires Etrangères à convoquer le 14 octobre 2024 l’Ambassadeur de l’Union Européenne » pour lui signifier de « mettre fin aux opérations en cours », indique le communiqué, rappelant que toute assistance étrangère doit transiter par le ministère.
Cette déclaration intervient alors que Bruxelles a annoncé, le 23 novembre, le rappel de son ambassadeur Salvador Pinto Da França « pour consultations », une décision que Niamey présente comme une initiative nigérienne. Selon les autorités nigériennes, l’ambassadeur aurait poursuivi des opérations non autorisées malgré une mise en garde formelle en octobre dernier : « Nonobstant cette mise en garde, le Gouvernement a fait, deux mois plus tard, le constat amer de la poursuite de l’exécution des opérations non autorisées ». En conséquence, le Gouvernement a jugé que la collaboration avec SEM Salvador Pinto Da França « n’est plus possible » et a demandé « officiellement » son rappel et remplacement « dans les plus brefs délais ».
Niamey insiste sur le fait qu’il n’a lancé aucun appel à l’aide internationale pour faire face aux inondations, précisant que le gouvernement avait choisi de gérer les dégâts sur ses fonds propres. « L’annonce de cette aide non sollicitée est apparue sur les réseaux sociaux deux semaines avant que les autorités nigériennes ne soient officiellement informées », déplore le ministère, évoquant une violation des usages diplomatiques.
Depuis le coup d’État de juillet 2023, les relations entre le Niger et l’Union européenne se sont considérablement dégradées, sans que cette brouille n’incite l’UE à revoir sa méthode de traitement avec les autorités nigériennes. L’acheminement et l’affectation d’une aide humanitaire sans concertation ni coordination préalable avec le gouvernement illustrent une nouvelle forme de méfiance envers la souveraineté nationale, un principe cher aux autorités militaires au pouvoir.
Malgré ces frictions, le Niger réitère son ouverture à la coopération avec tous les partenaires internationaux, à condition que ceux-ci respectent ses choix souverains et les intérêts de sa population.
Poster un Commentaire