Lors du lancement d’un atelier de formation des professionnels des médias sur le journalisme d’investigation en matière de lutte contre la corruption au Niger, le Président du Conseil d’Administration (PCA) de la maison de la presse a salué l’engagement de Moussa Aksar, l’un des rares fervents journalistes qui excellent dans ce domaine.
Du 23 au 24 décembre 2021, la Haute Autorité de Lutte Contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) organise, à la maison de la presse de Niamey, un atelier de formation des professionnels des médias sur le journalisme d’investigation en matière de lutte contre la corruption. A cette occasion, le PCA de la maison de la presse a salué l’engagement de l’invincible journaliste nigérien d’investigation, Moussa Aksar, qui s’est véritablement affirmé dans le domaine à travers ses multiples enquêtes mettant à nu des pratiques vicieuses dans la gestion des affaires publiques.
Dans son allocution, le président du conseil d’administration de la maison de la presse, M. Ibrahim Harouna, a rappelé l’importance du journalisme d’investigation en matière de lutte contre la corruption. Ce qui, selon lui, nécessite surtout la prudence dans le traitement d’informations dans un pays comme le Niger où l’environnement politico-judiciaire est très défavorable à la pratique du journalisme d’enquête, lequel confronte les journalistes à des nombreuses difficultés. Cependant, malgré cet environnement défavorable et tout ce qu’il revêt comme difficultés, les journalistes nigériens font un travail remarquable, note-t-il, en publiant régulièrement des « enquêtes croustillantes ». Ainsi, selon lui, ils se distinguent même à l’international à travers des productions de qualité contribuant à promouvoir les valeurs d’éthique et les principes de bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques. « A ce stade de mes propos, je tiens à faire une mention spéciale à notre confrère, le doyen Moussa Aksar, journaliste d’investigation et Président du Conseil d’Administration de la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), pour son engagement à promouvoir le journalisme d’enquête, tant au Niger que dans la sous-région », a affirmé M. Ibrahim Harouna.
Citant quelques-unes des récentes enquêtes du journaliste, dont celle sur les malversations financières au sein du ministère nigérien de la défense qui a révélé un détournement de 71,8 milliards de francs CFA destinés à l’achat des matériels d’équipements militaires, le PCA de la maison de la presse a déclaré que « Moussa Aksar est aujourd’hui une référence au Niger dans ce genre journalistique (journalisme d’investigation-N.D.L.R)». Ainsi, Ibrahim Harouna a exhorté les journalistes à côtoyer le doyen, Moussa Aksar, « pour profiter de ses expériences en la matière ».
Notons qu’au-delà de ces hommages mérités, se cache un double combat pour le Directeur de Publication de « L’Evènement Niger ». D’un côté, il combat la corruption dans son travail journalistique et de l’autre, il fait face à des poursuites judiciaires qui ne sont que les conséquences de sa probité et de son ferme engagement. Pour rappel, Moussa Aksar a fait l’objet de plusieurs interpellations et a même été condamné par la justice nigérienne dans le cadre de son travail. En effet, ses enquêtes lui ont valu un véritable acharnement judiciaire et même des menaces de mort de la part de certaines personnes citées dans ces enquêtes, notamment celle relative au détournement des fonds publics dans le ministère de la défense. Par contre, jusqu’à preuve du contraire, aucune de ces personnes citées n’a été jugée alors que nos soldats continuent de payer le lourd tribut des forfaitures de ces prédateurs financiers.
Le rôle déterminant des médias dans la lutte contre la corruption
Par ailleurs, le PCA de la maison de la presse estime que la formation initiée par la HALCIA, qu’il salue et encourage, « participe à un éveil de conscience chez les professionnels des médias à s’intéresser davantage au journalisme d’investigation et contribuer ainsi, et de manière significative, à la lutte contre la corruption et les mauvaises pratiques qui ont cours dans le domaine de la vie sociopolitique et économique nationale ».
Le président de la HALCIA, M. Mai Moussa Elhadji Bachir, a, pour sa part, également souligné l’important apport des journalistes dans la lutte contre la corruption en saluant leur engagement aux côtés de l’institution qu’il préside dans ce combat qu’ils ont en commun. Il a indiqué que cet atelier intervient deux semaines après la célébration de l’édition 2021 de la journée internationale de lutte contre la corruption sous le thème « votre droit, votre rôle : dites non à la corruption ».
« Ce thème nous engage à agir individuellement et collectivement contre les pratiques corruptives. A cet égard, le rôle des journalistes et communicateurs que vous êtes est déterminant dans l’information et la sensibilisation des citoyens sur le devoir de dire ‘‘non à la corruption’’ », a-t-il déclaré face aux bénéficiaires de la formation.
Pour lui, la lutte contre la corruption est un combat permanant qui nécessite la contribution de tous les acteurs, dont les médias.« (…) par la dénonciation de cas de corruption, les médias constituent à n’en point douter, des véritables lanceurs d’alerte pour les organes en charge de la lutte contre la corruption », a indiqué Mai Moussa Elhadji Bachir.
Cet atelier de formation vise à renforcer les capacités des journalistes sur les outils de surveillance et de dénonciation de la corruption afin de réaliser des productions pouvant aider la HALCIA dans ses investigations. Ainsi, deux jours durant, les professionnels des médias seront édifiés sur le cadre juridique et institutionnel relatif aux investigations des cas de corruption et d’infractions assimilées ; sur l’investigation journalistique en matière de lutte contre la corruption ainsi que sur les risques et défis du travail d’investigation journalistique à travers des cas pratiques.
Ahmadou ATAFA
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