Mécontentement du Premier ministre du Niger face aux prises de position de la Banque Mondiale après le coup d’État 

Lors de sa rencontre jeudi 15 février avec une délégation de la Banque Mondiale, le Premier ministre et ministre de l’Économie et des Finances du Niger, Ali Mahamane Lamine Zeine, a exprimé un vif mécontentement. Si l’annonce de la reprise de la coopération entre les deux parties, suspendue il y a six mois après le coup d’État militaire, a été accueillie favorablement par le Premier ministre, il a en revanche vivement critiqué les prises de position de la Banque mondiale après ce putsch du 26 juillet.

Ali Mahamane Lamine Zeine a souligné le délai jugé trop long pris par la Banque pour effectuer une évaluation nécessaire à la reprise de la coopération. Il a, en outre, dénoncé la promptitude avec laquelle la Banque a soutenu les sanctions punitives de la CEDEAO, lesquelles ont eu un impact néfaste sur le Niger en restreignant notamment l’accès aux produits de première nécessité tels que les médicaments, les denrées alimentaires et l’énergie.

« Je ne peux pas laisser cette occasion sans qu’on se dise effectivement certaines vérités », a-t-il dit lors de la rencontre, dénonçant « la précipitation avec laquelle la Banque Mondiale s’est alignée sur la batterie de sanctions punitives décidées par la CEDEAO ». « Je ne crois pas avoir rencontré dans les textes de la Banque des mesures de ce type qui viennent soutenir une fermeture des frontières, et qui viennent soutenir des sanctions sur des produits de première nécessité, c’est-à-dire les médicaments, les denrées alimentaires, l’énergie… », souligne le premier ministre. « Ça a été un choc pour nous, parce que nous savons ce que la Banque a été capable de faire il y a une quinzaine d’années ou un peu plus dans ce pays, avec sensiblement la même situation », indique Lamine Zeine, faisant allusion aux coups d’État précédents dans le pays, notamment celui de 2010.

Le Premier ministre a également rappelé que le putsch du 26 juillet 2023 est le seul changement non constitutionnel, parmi les six qu’a connus le pays, qui s’est déroulé sans violence et qui a bénéficié d’un large soutien populaire. « Nous avions pensé que nos partenaires allaient en tenir compte », affirme Lamine Zeine sur un ton déçu.

Cette réaction met en lumière les préoccupations du Premier ministre quant aux décisions de certains partenaires du Niger prises après les événements du 26 juillet tout en soulignant une forme d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.

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Journaliste Fact-checker - Blogueur - Communicateur basé au Niger.

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