Au Sahel, la situation sécuritaire liée à l’expansion du terrorisme dans la région s’est considérablement aggravée et ne semble pas faiblir, soulignant l’impuissance de l’Alliance des États du Sahel face à cette menace.
Depuis les cinq dernières années, le Sahel est confronté à des défis considérables en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne le terrorisme. La région du Liptako Gourma, particulièrement, est l’une des plus impactées de la région. Frontalière au Burkina Faso, au Niger et au Mali, membres actuels de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette zone est gangrenée par de violentes attaques terroristes.
S’étendant à l’ensemble des territoires des pays du Sahel, la menace terroriste a pris davantage d’importance au cours de l’année 2023. Selon l’Index Global sur le Terrorisme, publié en 2024 par l’Institute for Economics & Peace (IEP), le Sahel est devenu la région la plus touchée en 2023, recensant près de la moitié des décès liés au groupes armés terroristes et 26 % des attaques. Cette année, le Burkina Faso prend la première place du classement des pays les plus impactés par le terrorisme, devançant l’Afghanistan. Dans le pays, le nombre de morts a augmenté de 68 % pour atteindre 1907 décès liés au terrorisme, soit un quart des décès dus à la même cause à l’échelle mondiale. Il semble que l’année 2023 ait été marquée par une profonde aggravation de la situation sécuritaire au Sahel, devenant l’épicentre des attaques terroristes.
L’or, le nerf de la guerre
Parmi les groupes armés terroristes sévissant dans la région, des groupes identifiés comme djihadistes, tels que l’État islamique du Grand Sahara (EIGS), le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou le Front de libération du Macina (FLM) ; mais aussi des mouvements rebelles et intercommunautaires. Majoritairement intéressés par les ressources naturelles au Sahel, telles que les zones d’orpaillage, ces groupes flirtent avec le crime organisé. Ils profitent également du contexte politique instable inhérent au Burkina Faso, au Mali et au Niger afin de mener des phases d’expansions territoriales. Au Burkina, l’exploitation d’or artisanal est rapidement devenu le « nerf de la guerre », représentant un facteur majeur de l’expansion du JNIM.
Selon le rapport de l’IEP, l’EIGS est resté, en 2023, le groupe terroriste le plus meurtrier au monde, se voyant attribuer la responsabilité de 1639 décès.
L’impuissance de l’AES
Si la situation sécuritaire au Sahel semble hors de contrôle, notamment dans le Liptako-Gourma, elle va de pair avec l’instabilité politique commune aux trois pays. Gouvernés par des forces armées, le Burkina-Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait du G5 Sahel et de la CEDEAO dont ils blâmaient l’inefficacité. Devenus, au nom de l’AES, les seuls garants de leur propre sécurité, il semblerait aujourd’hui que les chiffres ne parlent pas en faveur de l’alliance. En 2023, le Sahel a enregistré un taux record de morts, soulignant la difficulté de l’AES à faire face à l’expansion croissante de la menace terroriste. Malheureusement, ce constat se fait aux dépens des populations civiles, premières victimes des attaques sanglantes sévissant dans la région.
Omar Sylla
Contributeur Aïr Info
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