Privilégier le dialogue pour régler les différends avec « les gens qui ne sont pas des terroristes » dans l’espace AES, tel est l’appel du président du conseil régional d’Agadez pour créer les conditions de la stabilité de la zone.
Le président du conseil régional d’Agadez, Mohamed Anacko, a appelé, dimanche 31 décembre 2023, les dirigeants des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) à pouvoir régler les problèmes des leurs communautés sans accepter des « ingérences » extérieures.
C’est directement aux premiers ministres des pays de l’AES (Burkina, Mali et Niger) que Mohamed Anacko a exprimé, à Agadez, une « demande personnelle » à travers laquelle il a appelé l’AES à « créer les conditions de stabilité » de la zone en mettant en avant le dialogue pour solutionner les problèmes internes.
« Il faut privilégier le dialogue pour les gens qui ne sont pas des terroristes. Nous sommes prêts à combattre les terroristes. Mais quand il y a des mouvements au niveau de l’AES, il faut les régler entre vous au lieu de laisser des pays s’ingérer pour régler nos problèmes », a lancé Mohamed Anacko aux premiers ministres Lamine Zeine du Niger, Dr. Choguel Kokala Maiga du Mali et Me. Apollinaire Joachim du Burkina.
User du cousinage à plaisanterie pour régler des problèmes intercommunautaires
C’est une « demande tout à fait personnelle », a précisé le président du Conseil Régional d’Agadez qui suggère l’usage des liens de cousinage à plaisanterie existants entre les différentes communautés de certains pays du Sahel pour régler pacifiquement les problèmes entre elles.
« (…) j’ai en face de moi un Mossi et un Songhay (ethnies respectivement de Apollinaire et de Choguel-ndlr) . Chez nous ici à Agadez, les liens de cousinage [à plaisanterie] sont très forts entre les Songhay et les Touareg. Par contre, au Mali, j’ai pas vu ça », a souligné Mohamed Anacko. « Les Mossi, poursuit-il, c’est nos cousins ici. Les Gourmantchés [une autre ethnie sahélienne – ndlr] aussi. Donc vraiment je vous demande d’utiliser ce levier-là pour régler nos problèmes ».
Pour le président du Conseil Régional d’Agadez, « l’AES doit régler [elle-même] ses petits problèmes de communautés, parce que ces communautés sont de part et d’autre les mêmes ». « Quand vous venez à Ingall [ville et département de la région d’Agadez – ndlr], c’est des Songhay qui sont là-bas. Donc vraiment, c’est les mêmes pays, les mêmes espaces », a-t-il relevé.
Cet appel de Mohamed Anacko a été émis en présence de plusieurs personnalités administratives et coutumières, dont le maire d’Agadez et le sultan de l’Aïr, qui ont accueilli le trois premiers ministres ayant participé à la finale de la lutte traditionnelle, le sport-roi au Niger.
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Le premier ministre malien, à qui semblait s’adresser en particulier M. Anacko, n’a pas directement répondu à l’inquiétude de ce dernier. Toutefois, Dr. Choguel Kokala Maiga a, d’une autre manière, souligné l’importance de régler les problèmes internes sans faire appel à l’extérieur.
« Même du temps de l’empire Songhay, Sonni Ali Ber, dans les batailles entre eux, il a eu beaucoup de résistance dans l’empire Mossi. Mais, ils règlaient les choses entre eux, comme vous l’avez dit », a répondu le chef du gouvernement malien.
Donc, dit-il, « ne faisons pas appel à l’étranger, comme cette force [de la CEDEAO – ndlr] dite en attente qui voulait venir agresser le Niger. Et ce n’est pas par hasard que le Mali et le Burkina Faso ont mis en garde en disant que celui qui attaque le Niger nous aura attaqués ».
Quant à eux, les premiers ministres du Burkina et du Niger ne se sont pas prononcés sur la question. En tout cas pas sur place.
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